nuit dernière. Personne ne se doute, avec la vie que nous menons,
de la difficulté qu’il y a à exécuter régulièrement ce travail.
4 octobre. — Le chef Rhatô, liomme de confiance du roi Léwanika,
est arrivé aujourd’hui de Séshéké; son maître voudrait que nous lui
cédions de la poudre et du plomb que nous avons de trop, contre une
défense d’éléphant qui pèse 75 livres. Par déférence pour les missionnaires,
nous n ’avons voulu procédera cet échange qu’après avoir pris
leur avis à ce sujet.
J ’ai le privilège d’accompagner M., Mme Boiteux et Mlle Kiener dans
l ’une de leurs tournées d’évangélisation. Nous entrons en particulier
chez une pauvre vieille femme aveugle, à laquelle les jeunes filles élevées
à la station apportent une part de leur nourriture; elles se cotisent
entre elles pour adopter des malheureux!... Véritable miracle pour
qui connaît les noirs.
Comme à Léalouyi, — Nalolo, — Séshéké, — je ne saurais comment
remercier les missionnaires de Kazoungoula pour leur hospitalité
et tout ce qu’ils ont fait pour moi. Le moment toujours pénible du
départ approche... les enfants de la mission viennent me saluer par
ces mots : ntatê louméla, adieu, mon père; sala hantlé, porte-toi bien.
Mes lecteurs me permettront peut-être, au moment où je quitte le
Pays des ba-Rotsi, de résumer en quelques lignes mes impressions
sur l’oeuvre accomplie par les missionnaires en ces contrées sauvages.
Comment ne pas reconnaître combien M. Coillard a été heureusement
inspiré, en s’attaquant à cette importante nation des ba-Rotsi,
dont toutes les tribus voisines sont les vassales.
C’est lui, qui le premier en 1884, au prix de difficultés inouïes, est
venu fonder cette mission où il est si bien secondé par ses collaborateurs.
Aujourd’hui la mission du Zambèze, qui
se rattache, comme chacun le sait, à l’oeuvri
générale des missions évangéliques de Paris,
compte six missionnaires européens et six
ou sept évangélistes noirs venant du
lé-Souto.
J ’entendais un jour M. Coillard dire
qu’il faudrait à l’heure qu’il est, quinze
missionnaires européens et une trentaine
d’évangélistes indigènes, afin de
pouvoir occuper les points importants
du pays, avant l’arrivée des aventuriers
blancs qui trop souvent déshonorent
le nom d’Européens. Mais, pour
cela, la fondation dans le pays même
d’une école d’évangélistes, doublée d’une école industrielle, s’impose;
or huit jeunes ba-Rotsi sont déjà assez bien préparés pour former un
premier noyau d’évangélistes.
Nous ne pouvons pas, en Europe, avec la meilleure volonté, nous
faire une idée de ce qu’est la vie du missionnaire en ces pays-la.
Seul, le voyageur qui a vu de ses yeux ce qui en est, peut s’en rendre
clairement compte.
On ne pense pas assez, qu’au point de vue matériel, le missionnaire
ne doit compter que sur lui. Il doit être à la fois, son propre charpentier
menuisier, forgeron, architecte, ingénieur, et il manque de
tout; en outre, à côté de l’oeuvre spirituelle et d’éducation qu’il fait,
il faut être encore le médecin, le conseiller de chacun.... Sa porte
est continuellement assiégée.
Citerai-je aussi tous les services que les missionnaires ont, d’une