semaines en Afrique pour acheter les boeufs, les chevaux, les chariots,
pour engager le personnel, etc. Nous les retrouverons à Maféking dans
l’ouest du Transvaal, terminus actuel du chemin de fer, à 1400 kilomètres
du Cap, où aussitôt débarqués nous nous rendrons, Reid
et moi, directement.
C’est de Maféking que notre expédition partira. Pour atteindre le Pays
des ba-Rotsi, nous suivrons approximativement la direction suivante :
Molépololé, Palapye au Béchuanaland, et, laissant à l’ouest le désert
de Kalahari, nous longerons la partie est du grand lac salé Makarikari
pour franchir à son extrémité nord le « Land of the thousand Yleys ».
Nous espérons traverser le Zambèze à 1 a jonction de la îivièie
Chobé (Linyanti) au commencement de juillet ; nous ne tarderons
pas alors à nous trouver dans une région vierge.
Ceci dit, je prends mon journal en mains :
23 mars 1895. — 'Nous nous embarquons à Southampton, à bord
du Norham-Castle (Castle-Lineffe Peu après avoir passé le Soient,
nous subissons une mauvaise mer •: Celle de la baie de Biscaye de
fâcheuse réputation.
26 mars. ‘— Mer démontée; nous avons essuyé deux coups de
vent d’une grande violence. Suivant l’opinion de l’un des officiers
du bord, le Norham-Castle doit s’estimer heureux de n’avoir pas eu
beaucoup d’autres assauts de ce genre, à supporter.
27 mars. — Les flots se calment; beau soleil. Nous avons été
mis en retard par cette tempête, nous tâchons de rattraper le temps
DE SOUTHAMPTON AU CAP.
perdu. Les passagers dont plusieurs n’ont pas paru depuis le commencement
du voyage, sortent les uns après les autres de leurs cabines,
plus ou moins pâles; mais d’une manière générale, le mal de mer
s’atténue. C’est le moment de faire connaissance. Quarante-deux
passagers de première classe sont inscrits au registre : hommes
d’affaires, ingénieurs, etc., qui vont rejoindre leurs postes; plusieurs
officiers qui rallient leurs régiments, parmi eux l’Hon. Capt. W ...,
fils de Lord A.
28 mars. — Nous passons ce matin le long des côtes dénudées de
l’ile de Porto-Santo. Le contraste est frappant avec l’Ile de Madère que
nous ne tardons pas à avoir en vue. Nous naviguons sur la côte
est; les pentes de ses montagnes, d’un beau vert, se détachent
d’une manière intense sur le bleu qui nous environne de toutes parts.
Après avoir doublé le cap Garajao, nous entrons dans la jolie
baie au-dessus de laquelle s’étage gracieusement Funchal, la capitale
de Madère. A peine l’ancre est-elle jetée que nous sommes entourés
par une nuée de canots, les uns montés par de jeunes indigènes qui
Àî plongent » pour retrouver les menues pièces de monnaie qui leur
sont jetées; les autres par des marchands d’oranges, de bananes, de
« custard-apples ». Quelques-uns ont la malheureuse idée, pour
vendre plus vite leurs produits, de grimper sans permission le long des
bastingages ; ils sont reçus un peu rudement par des matelots armés
de cordes et postés aux points d’envahissement. Ils doivent être habitués
à ce genre de réception et leur bonne humeur ne se dément pas,
même pour l’homme qui, dans la hâte de rejoindre son canot prend,
à la grande hilarité de ses camarades, un bain imprévu.
Le steamer doit relâcher quelques heures pour nous ravitailler en