largeur, qui sont vendues aux enchères; elles sont vivement disputées
et quelques-uns des stands atteignent des prix qui ne seraient
désavoués par aucune ville européenne.
A l’heure qu’il ëst, Boulouwayo offre encore l ’aspect d’un immense
campement. A côté de maisons en briques rouges bien construites et
alignées, nous voyons beaucoup de cases en tôle galvanisée et de
tentes blanches pittoresquement groupées. Les services s’organisent
rapidement; des travaux sont en voie d’exécution pour fournir la ville
d’eau potable amenée des collines environnantes, et l’éclairer à l’électricité.
Sans parler des édifices réservés à l'administration, elle possède
quatre édifices consacrés au culte ; un hôpital admirablement tenu et
organisé ; une salle où l’on ne vendra aucune boisson alcoolique est
aussi projetée; un hôtel des postes et télégraphes, un marché couvert,
une Bourse, quatre maisons de banque, trois écoles, une prison,
une station de police centrale. En outre, un large emplacement est
réservé aux sports athlétiques; çà et là, nous voyons aussi de grands
« stores », véritables bazars où les marchandises et les produits les
plus disparates se trouvent rassemblés. Il ne faut pas manquer de
citer un club, dont j ’ai eu l’honneur d’être membre honoraire pendant
mon séjour dans cette ville.
La presse locale est représentée par trois journaux. Deux paraissent
deux fois par semaine, soit le Mcdabélé Times et le Boulouwayo
Chronicle. Le troisième, lé Sketch, journal lithographié et illustré,
publie pour ses lecteurs un numéro par semaine.
Boulouwayo sera bientôt dotée d’un conseil municipal. Elle est
administrée pour le moment par un « Sanitary Board », commission
sanitaire, composée de six membres, dont trois sont choisis par la
Chartered Company et trois sont élus par la population.
Ont droit de voter tous les résidents qui ont une propriété ou qui
payent douze livres sterling, soit trois cents francs par mois pour leur
pension et logement.
Sa population, sans compter les noirs, dont il serait difficile d’évaluer
le nombre, car il varie beaucoup, se monte à environ deux mille
Européens, la plupart Anglo-Saxons. Ordre parfait, de jour comme
de nuit. Sans parler de la ténacité, du respect de la loi inhérent à la
race anglo-saxonne, ainsi que de la grande liberté la issé e'à l’effort
individuel, l’une des causes principales du succès de sa puissance
colonisatrice consiste, à mon avis, dans le fait que, en Angleterre,
contrairement à ce qui souvent se passe ailleurs, les meilleurs éléments
de la nation ne craignent pas de s’expatrier; jetant ainsi les
bases de colonies futures prospères et ajoutant de nouveaux fleurons
à cette couronne, déjà si bien garnie.
Le côté pittoresque de cette ville en formation est fort intéressant
à observer. Les hommes aux figures énergiques, bronzées, circulent
dans les rues et vaquent à leurs affaires en tenue de cheval et les
bras nus; ils sont coiffés d’un feutre aux vastes ailes. Montés, ils vont
presque toujours au galop. Et que dire de ces types de « prospectors »,
chercheurs d’or, qui après avoir, avec plus ou moins de succès,
creusé de nouveaux sillons, arrivent de l’intérieur du pays, tannés
par le soleil ardent, et, aguerris par toutes les privations endurées.
Les « desperados » ou bandits de profession sont rares, ils trouveraient
à qui parler.
Actuellement, les chariots attelés d’interminables files de boeufs,
sont les seuls pourvoyeurs de Boulouwayo. Presque tous les approvisionnements
nécessaires à ses habitants arrivent ainsi de Maféking;
suivant l’état des pistes et le volume d’eau des rivières à traverser, ils
mettent de six semaines à quatre mois pour atteindre leur destination;
par conséquent, il n’est pas rare que telle ou telle denrée, après