
Je vis donc avec beaucoup d’intérêt les
insectes en nature figurés dans ce livre.
Je passai aussi quelques heures fort
agréablement dans le cabinet de M. T h o mas
Sheldon, frère de l ’anatômiste, qui
a des coquilles de la mer du Sud , et d’autres
productions marines intéressantes.
Je regrettai infiniment de n’avoir pas
vu la riche collection de minéraux de my-
lord Greville , parent du chevalier Hamil-
ton, ambassadeur à Naplesj mais ils étaient
parti depuis peu l’un et l ’autre pour l ’E cosse
, dans l ’intention d’aller visiter l’île
de Staff a.
Je fus privé aussi de voir la savante
collection de mylord Bute, ainsi que celle
du docteur Pearson , mais ils n’étoient pas
à Londres dans ce moment.
Le chevalier Englefield me dédommagea
de ces privations par les politesses et
les bontés dont il me combla pendant mon
séjour dans cette ville. C’est un homme
de bonne société, plein d’affabilité et de
mérite ; il s’occupe avec succès d’astronomie
et de physique, et accueille fort bien
les étrangers. Je désire bien sincèrement
d’avoir le plaisir de le voir quelque jour
en France, afin de lui rendre de coeur
et d’ame les politesses que j ’en ai reçues,
ainsi que de sa respectable mère.
Si tous les#Anglois étoient doués de
cette urbanité, on auroit tort de leur
reprocher l ’espèce d’oubli et de froideur
dont on les accuse envers ceux qui les
ont le mieux reçu en France ; mais ce
reproche est exagéré , et j ’ai plus d’une
preuve qu’il souffre beaucoup d’exceptions.
Comme je voulois profiter du reste de
la belle saison pour faire le voyage d’E cosse
et des Hébrides , je m’occupai pendant
quelques jours des dispositions nécessaires
pour mon départ.
Plusieurs savans voulurent bien me donner
des lettres de recommendation pour
Glasgow, pour Edinburgh et pour le duc
d’Argille , qui étoit dans une de ses terres
au nord de l’Ecosse, sur la route que
je devois prendre pour m’embarquer.