
« nous dit notre hôte, avec un air d’em-
« pressement, je pourrai avoir votre af-
« fa ire , et vous procurer un homme sa-
cc vant dans plusieurs langues, qui vous
« servira d’interprète et même de guide ,
« car il a déjà visité quelques - unes des
ce îles où vous vous proposez d’aller ; c’est
« un de mes meilleurs amis : il faut savoir
cc seulement si l’emploi qui l ’occupe ici
ce pourra lui permettre de s’absenter ; je
ce vais m’en informer tout de suite. »
Il partit en disant c e la , avec une vivacité
et une pétulence qui m’étonnèrentdans
un homme de son âge. Je n'ai rien vu de
si obligeant, de si gai que ce bon Eeos-
sois.
Il revint un demi-quart-d’heure après,
amenant avec lui un hommè âgé d’environ
vingt - huit ans , d’un maintien modeste
et d oux, qu’il nous présenta sous lé
nom de Patrick Fraser, maître d’école à
Dalmally. Nous eûmes bientôt fait con-
noissance avec lui. Cet homme avoit fait
de bonnes études à l’université d’Edin-
burgh ; il savoit fort bien le latin et le
g re c , il parloit anglois, et il possédoit à
fond sa langue naturelle, la celtique, qu’il
regardoit comme une des plus riches et des
plus harmonieuses.
Patrick Fraser étoit passionné pour les
vers d’Ossian ; il faisoit souvent des tournées
chez les habitans des hautes montagnes
, pour aller à la recherche de quelques
fragmens nouveaux de ces antiques poésies;
il avoit déjà de quoi augmenter considérablement
le recueil de Macpherson , et faisoit
souvent des découvertes heureuses en
ce genre, par les peines extrêmes qu’ilpre-
noit pour cela. La médiocreté de sa fortune
l’obligeoit de faire le métier de simple
maître d’^bole.
Les enfans du lieu se réunissoient dans
une espèce de hutte construite en pierres
sèches j là le pauvre Patrick Fraser leur
apprenoit à épeller des mots celtiques ou
erses , écrits en caractères vulgaires ; car
il paroît que les caractères originaux de
cette langue sont perdus (1). La position
(1) Knox paroît croire le contraire ; ce qu’il dit à ce su.
jet mérite d’être examiné. Voici le passage de son livre,
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