3o4 V o y a g e e n A n g l e t e r r e
bles, qu’on entre dans une chaîne de montagnes
arides et de l ’aspect le plus sauvage.
La route est étroite , embarrassée de
blocs de porphyre , et bordée dans plusieurs
parties de bancs de schistes noirs
taillés à p ic , dont la couleur lugubre f
coupée par de larges bandes ou filons *de
spath calcaire blanc, semble annoncer aux
passans le deuil de la nature dans cette solitude
affreuse.
Ce triste et pénible chemin, o ù , pendant
huit heures, on ne rencontre nul
être v iv an t, ni habitations, ni arbres ,
ni verdure, fatigue autant le corps que
l ’imagination. Nos chevaux, quoique frais
et bien reposés , sembloient s’en dégoûter
eux-mêmes.
Plus d’une fois je demandois à nos guides
si ce trajet désagréable auroit enfin un
terme , lorsqu’à quatre heures du soir l’un
d’eux me fit appercevoir une petite colonne
de fumée dans le lointain, et me dit :
« C’est-là où nous allons coucher, et où
« nous arriverons dans une demi-heure. »
En effet, un quart - d’hçure après nous
nous
nous trouvâmes hors de l ’espèce de prison
étroite dans laquelle nous étions comme
renfermés depuis huit heures du matin.
Une jolie vallée semée de coteaux sembla
s’ouvrir subitement devant nous une
petite nviere , appelee G-Ibtl- ZJrchi ser—
pentoit sur la partie gauche j quelques
maisons groupées, d’autres dispersées çà
et là , une chapelle dans le fond et un
lac dans le lointain, embellissoient ce paysage
: ce lieu s’appelle Dalmally,
L ’hôtellerie, qui s’annonce assez bien,
est située sur une éminence isolée, environnée
de verdure \ nous vîmes, en y
arrivant, une quinzaine de montagnards
en face de la porte : ils étoient tous dans
le même costume, qui est remarquable ,
et ils nous saluèrent d’une manière fort
honnête , mais en même tems un peu fié-
re. Nous comprîmes, à leurs gestes, que
nous faisions l’objet de leurs entretiens ,
car ils ne parlent que le langage celtique $
mais notre hôte, qui nous accueillit de
très - bonne g râce, et qui savoit un peu
d anglois , nous dit que nous pouvions être
tranquilles sur le compte de ces hommes ,
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