
5?2 V o y a g e e n A n g l e t e r r e
priinoient ni air, ni intention. Nous crûmes
d’abord que ce personnage étoit une
espèce d’insensé, qui gagnoit sa vie à ce
métier j mais Patrick Fraser nous assura
que .non - seulement ce bon montagnard
étoit raisonnable, mais qu’il avoit la réputation
d’un excellent musicien de l ’école
highlandoise; que sa principale intention,
en faisant briller son talent, étoit de nous
manifester toute la joie qu’il éprouvoiten
voyant des étrangers dans un lieu où il en
vient si rarement. Touché de ce motif hospitalier,
je lui prodiguai des applaudisse-
mens , et le priai d’accepter quelques she-
lings , qu’il refusa d’abord, et qu’il sembla
ne recevoir que pour ne pas me déplaire.
Il ne jouoit jamais que le même
a i r , si l’on peut appeler de çe nom , une
sorte de composition inintelligible pour des
étrangers , mais qui rappelle aux montagnards
et aux Hébridiens des événemens
historiques qui ont le plus grand intérêt
pour eux. Comme il avoit vu partir mes
compagnons , il se persuada que je restois
pour l’entendre , et croyant que ses concerts
me seroient plus agréables dans le
silence de la nuit, il venoit jouer jusqu’à
onze heures sous ma fenêtre : rien n’etoit
capable de l’en dissuader. Je me levai un
soir d’impatience, et ne pouvant me faire
entendre, je le pris par la main pour l’entraîner
au loin y il revint au même moment,
comme quelqu’un qui dispute de politesse
, me donnant à entendre qu’il n é-
toit point fatigué , et qu’il joueroit toute
la nuit pour me plaire , et il tint parole.
Le lendemain , je le forçai de recevoir encore
un petit présent, en lui faisant signe
que je ne voulois plus l ’entendre , et le
soir même il me força à son tour de l ’endurer
jusqu’à minuit, jouant sans discontinuité
le même air (1).
( 1 ) a L e s H é b r id ie n s , d it J o h n s o n , o n t lo n g - tem s r e g a rd é
« la co rn em u s e c om m e u n pla is ir e t u n a d o u c is s em en t à leu r s
« p e in e s ; m a is entre au tre s ch an g em en s in t ro d u its p a r l a d e t te
n iè re r é v o lu t io n , on p eu t c om m e n c e r à c om p te r l 'a b a n d o n
* de cet instrument. Quelques-Unes des familles principales
* e n tr e tien n en t e n c o r e un. jo u eu r d e c o rn em u s e , d o n t l ’o ffic e
«c é to it a n c ie n n em e n t h é r é d ita ir e : M a c -R im m o n l ’e x e r e o it
« ch e z les M a c -L e o d , e t R a n k in chea les M a c -L e a n e d e C o l .
« L e s a irs de c o rn em u s e sont tran sm is p a r t r a d it io n . I l y a v o i t
« à S k y , de tem s im m ém o r ia ls , u n c o llè g e oi^ »ociété d e