
bien des tourmens , nous arrivâmes à
trois heures et demie du matin , dans
une hôtelerie également isolée appelée
Tarbet.
On eut la complaisance de se lever aux
cris de nos postillons : nos chevaux furent
placés dans une écurie. Il n’y avoit point
de juge i c i , mais il y avoit des jurés qui
devoient se rendre à Inverary; ils étoient
arrivés avant nous , et occupoient les lits 3
mais enfin nos chevaux étoient à l ’abri.
On nous reçut avec politesse, et on nous
dohna un morceau à manger et du bon
thé pour nous rechauffer.
La manière tranquille avec laquelle nous
prenions notre parti intéressa notre hôtesse
, et lorsqu’elle , vit que nous allions
passer le reste de la nuit dans nos voitures
, cette bonne femme vint nous offrir
deux matelats de son l i t , en disant qu’elle
avoit suffisamment dormi et qu’elle ne se
coucheroit plus. Nous les acceptâmes avec
reconnoissance. Le comte Andreani préféra
de se reposer dans sa voiture 5 M. de
Mecies garda un des matelats 3 Thornton
et moi partageâmes l ’autre 3 nous dormîmes
trois heures ployés dans nos manteaux
, et nos fatigues disparurent.
Le plus beau jour succéda à la plus laide
nuit5 le soleil étoit brillant et chaud,
le ciel d’un bel azur. Nous vînmes respirer
un air pur au bord du la c , et saluer
la nymphe qui présidoit à de si belles
eaux.
De ce point de vu e , l’aspect du lac est
superbe, quoiqu’on n’en puisse découvrir
qu’une partie à cause de sa grande étendue
3 il est semé d’îles , dont plusieurs ne
sont que des rochers stériles, mais d’autres
offrent de petites cultures et des collines
groupées d’une manière pittoresque;
nous en vîmes de plus considérables dans
le lointain à l ’aide de nos lunettes.
Les bords du lac dans la partie où nous
étions sont entourés de rochers de schiste
micacé , dont les feuillets contournés en
faisceaux ondoyans, brillent comme s’ils
étoient argentés. Une multitude de mousses
, la plupart en fleur, formoient de petits
bouquets de verdure , dans les abris
de ces rochers, tandis que les parties les