
vaste, une somme plus considérable de lumière.
Cette marche est neuve et excellente.
Il me dit qu’il s’attendoit à de grandes
difficultés pour porter un télescope de
ce volume et de ce poids à sa perfection,
mais qu’il en espéroit de si grands effets
que rien ne seroit capable de le rebuter
(1).
(1) Depuis cette époque, cet étonnant télescope, après
des peines infinies , a été porté au plus haut point de perfection.
Voici ce qu’en dit William Herschel lui-même dans
une lettre écrite à M. Watson, sous la date (lu 10 décembre
1791.
« Selon mon usage, j’ai été fort occupé à polir des mi-
* roirs de télescopes de toutes sortes de grandeur , afin de
« porter à sa perfection cette partie difficile de l’optique. A
* la vérité, il seroit impossible de se former une idée du
« teins que j’ai passé et des peines que j ’ai prises pour par-
« venir à mon but ; mais j’en ai été pleinement récompensé
« par le plaisir qu’on a toujours à suivre un objet favori, et
«encorepar le succès que je puis me flatter d’en avoir ob-
« tenu. Mon télescope de quarante pieds est actuellement le
«meilleur instrument que j’aie en ma possession; c ’est-à-
« dire , que par son moyen je puis voir mieux qu’avec aucun
v autre de mes télescopes les objets les plus difficiles à être
* vus bien distinctement, tels , par exemple , que Saturne ,
« ses satellites et son anneau , ou plutôt ses anneaux ; car j ’ai
« remis dernièrement à notre président un écrit relatif à
« cette planète, dans lequel j’ai fait voir clairement qu’elle
Je restai jusqu’au jour dans cet étonnant
observatoire , constamment occupé à
voyager dans le ciel ^ avec un guide dont
la complaisance sans bornes ne se lassa
jamais de mon ignorance et de l’importu-
nité de mes questions. Je passai là environ
sept heures occupé sans relâche à observer
les astres. Il étoit impossible de
trouver le tems long, en l’employant d’une
manière aussi profitable et aussi curieuse
pour moi : cette belle nuit ne me parut
qu’un songe, et ne sembla durer que quel-
« a deux anneaux distincts , séparés l’un de l’autre par un
« espace considérable, tellement qu’avec mon télescope de
« quarante pieds j’ai vu très-distinctement le ciel au travers de
« cet espace, dont l’étendue est de 1741 de nos milles. Le dia-
« mètre de l’anneau extérieur, mesuré avec le même instru-
« ment, m’a paru de plus de 223 de nos milles. J’ai aussi
« montré dans le même écrit que le cinquième satellite de
« Saturne tourne sur son axe en 79 jours 7 heures et 47 mi-
« nutes, tems égal à celui de sa révolution autour de cette
« planète. Ainsi ce mouvement ressemble, à cet égard , en-
« tièrement à celui de la lune, qui fait sa révolution sur son
« axe précisément dans le même tems qu’elle emploie à
« tourner autour de la terre. » Journal de physique et d'histoire
naturelle , 1792 , tome X L , page Il ne faut pa» oublier
qrt’à l’aide de ce même télescope M. Herschel a découvert
deux nouveaux satellites autour de Saturne.