
Quelques personnes du pays croient,'
d’après la tradition , que ce sont les sépultures
des guerriers célèbres du tems des anciens
rois d’Ecosse ; mais l’histoire de ces
anciens rois est pleine elle-même d’obscurités
ou de fables ; d’autres présument que
ces tombeaux renferment les restes des
héros du Nord , à l ’époque où les Danois
faisoient de fréquentes incursions sur les
côtes d’Ecosse, dont ils s’étoient emparés
à plusieurs reprises.
Mais ne paroîtroit-il pas bien extraordinaire
que les uns ou les autres eussent choisi
, pour leur sépulture, un pays sauvage ,
enfoncé dans les montagnes, presqu’in-
habité, éloigné d’une journée de la mer,
et sans route pour y parvenir ? quel mot
if auroit donc pu déterminer cette préférence
?..
Seroit - on mieux fondé à regarder ce
champ funèbre comme érigé à la suite de
quelque grande bataille ; mais la quantité
de ces pierres sépulchrales , le travail long
et difficile qu’elles ont exigé pour les sculpter
, supposent nécessairement du tems et
du loisir, et annonce l ’ouvrage d’un peupie
sédentaire à qui les arts, quelque peu
avancés qu’ils fussent parmi eux , n’étoient
néanmoins pas étrangers.
Ces tombeaux sont donc dignes de l’attention
d’une société savante établie depuis
quelques années à Edinburgh, pour
la recherche des monumens antiques de
l ’Ecosse, et d’une seconde formée depuis
peu à Perth , pour remplir le même but ;
je les invite, au nom de leur amour pour
les sciences et pour leur pays , de vouloir
s’en occuper (1).
Si l’on est curieux , en attendant, de se
former une idée du style de ces sortes de
monumens , l ’on peut en voir un gravé , et
( 1 ) S i q u e lq u e * fa its rap p o r té s p a r J o h n K n o x , a u s u je t
des an tiq u ité s d e l ’île d e Jona o u Icolumkill, u n e des H é b
r id e s , so n t e x a c t s , a in s i q u ’il y a lieu d e le c ro ir e , le s
an c ien s m o n um en s d o n t je v ien s d e fa ire m en t io n p o u r ro ie n t
b ie n a v o ir é té a p p o rté s d e c e t te île ; j ’ai c ep en d an t b ie n d e
la pe ine à c o n c e v o ir q u ’ o n les eû t tran sp o r té s si a v a n t d a n i
l ’in t é r ie u r d es te r r e s . V o i c i le p a ssage d e K n o x : « C e t t s
« île ( I c o lu m k i l l ) a en c o r e é té la s ép u ltu r e d e q u a r a n te -h u it
« ro is d ’E c o s s e , de h u it d e N o rw é g e e t de q u a tre d ’I r la n d e ,
« o u t r e c e lle des ch e fs de tr ib u s des m o n ta g n e s e t des H é b r i -
« des. O n a p p e rço it e n c o r e d e s effig ies d e q u e lq u e s -u n s des
«e c h e f s ; p lu s ieu rs o n t é té d é t ru it s e t d ’au tre s o n t é té d é ro -
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