
2 2 V o y a g e e n A n g l e t e r r e
d’histoire naturelle adressée à M. Banks *
la même qui renfermoit le spath adamantin
et d’autres objets curieux. Le président
de la société royale voulut bien en partager
deux onces , entre Broussonet, qui
se trouvoit à Londres, et moi, pour en
faire l ’essai en France , mais particulièrement
dans les départemens du midi, où
nous avions l ’un et l’autre des possessions.
Il y avoit lieu d’espérer que la graine y
parviendroit à maturité, et qu’on pour-
roit la retrouver là dans le cas où elle
ne réussiroit pas en Angleterre. Nous acceptâmes
avec reconnoissance ce beau
présent, et je me proposai, à mon retour
en France, de distribuer les graines à
d’habiles cultivateurs, et d’en mettre en
réserve pour être semées dans le midi de
la France (1).
(1) De retonr à Paris, mon premier Soin fut de donner de
ces graines, à M. de Malesherbes, à M. de Rosambo son
gendre, à M. de Trudaine l ’aîné, à M. Boutin , à M. de
Lavoisier , à M. Hell pour l’Alsace, à Varenne de Fenille
pour la Bresse, à M. de Buffon pour sa terre de Montbard
en Bourgogne, à M. Thoin pour le Jardin de plantes de Paris
, et à Montélimar à M. Moral, médecin qui s’occupe de
J/Jihitehurst.
B e n j a m i n Franklin avoit eu la bonté
de me donner une lettre de recommandaculture.
J’en mis en réserve environ cinquante graines pour
l’année suivante, voulant en diriger moi-même le semis et
en suivre les progrès dans le département de la Drôme.
Le chanvre de la Chine réussit par-tout au-delà même des
espérances ; l’on venoit voir par curiosité celui du Jardin des
plantes de Paris; il avoit au mois d’août quatorze pieds de
hauteur , quinze à seize en septembre. M. Hell m’écrivit d’A lsace
que les tiges de vingt graines qu’il avoit semées s’étoient
élevées à dix-sept pieds le 20 du mois de septembre , et que
les branches latérales étoient si vigoureuses, et occupoient
un si grand espace que toutes ces plantes paroissoient plutôt
être des arbres que des végétaux annuels. Il en fut de
même à Malesherbes, à Montigny , en Bourgogne, en Bresse
et ailleurs: par-tout on obtint des individus mâles et femelles
, et une bonne floraison ; mais depuis Bourg jusqu’à Paris
, depuis Paris jusque dans le bailliage du Landser en A lsace,
aucune plante ne put donner de bonnes graines ; le
froid les ayant empêché de parvenir à maturité. On m’écrivit
aussi que tout ce qui avoit été cultivé en Angleterre avoit
eu le même sort. Par-tout cette esp èce de chanvre fut reconnue
supérieure à l’autre , par sa force, par sa qualité soyeuse
et par la longueur des brins. M. Thoin hasarda d’en enlever
quelques plantes en motte, pour les placer dans des pots et
les déposer dans là serre , tant il regrettoit que ce chanvre
gigantesque se perdit , les graines acquirent une certaine
maturité ; elles n’étoient pas très - vigoureuses , mais elles
étoient susceptibles de se reproduire. J’avois des espérances
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