
jeux bruyans , et ces orgies tumultueuses
qui, ce jour-là, abrutissent ou dégradent
l ’homme chez presque tous les peuples
catholiques.
Maison de campagne de William Her-
schel. Sa soeur. Ses télescopes. Observations
fa ite s pendant la nuit.
J ’a r r i v a i à dix heures du soir à la porte
de la maison du célèbre astronome. J’entrai
par un escalier bien propre , bien
éclairé, dans une pièce décorée de cartes
, d’instrumens d’astronomie et de physique
, de sphères , de globes célestes et
d’un grand clavecin.
Au lieu du maître de la maison, j ’ap-
perçus au fond de la salle , dans l ’embrasure
d’une fenêtre, une jeune demoiselle
assise auprès d’une table environnée de plusieurs
lumières, ayant un grand livre ouvert
devant elle , une plume à la main, considérant
avec application et alternativement,
une pendule à équation , et un second cadran
placé à côté, dont je ne connus pas
l ’usage, écrivant ensuite ses observations.
J’approchai doucement et sur la pointe
du pied pour ne pas troubler un travail
qui paroissoit captiver toute 1 attention de
celle qui s’en occupoit, et me trouvant
insensiblement derrière elle , sans être ap-
perçu, je vis que le livre qu’elle consul-
toit étoit l ’atlas astronomique de Flams-
ted , et qu’après avoir regardé les deux
cadrans , elle notoit sur une grande carte
manuscrite des points qui me parurent
désigner des étoiles.
Cette application , ce recueillement,
l ’heure de la n u it, l ’âge de la personne ,
le plus grand silence dans toute la maison
, m’inspiroient un intérêt touchant ;
lorsque la demoiselle, tournant par hasard
la tête , et s’appercevant de la crainte que
j ’avois delà déranger , se leva subitement
pour me dire combien elle étoit fâchée de
ce que je ne l ’avois pas avertie ; qu’elle
étoit occupée à suivre et à rédiger le résultat
du travail de son frère , qui m’at-
tendoit ; et qui, pour ne pas perdre les
heures précieuses d’une aussi belle nuit,
étoit à son observatoire occupé d’un travail
sur les étoiles.