
Docteur Letsson,
C e médecin célèbre a une collection
d oiseaux , d’insectes et de minéraux dans
laquelle on remarque de très-belles choses
5 mais ce qu’il y a de plus intéressant
à voir et à admirer chez lu i, c ’est, sans
contredit, lui-même.
Cet ami de l ’humanité, ce vertueux
quaker a donne le premier l ’exemple d’affranchir
ses nègres de l ’esclavage , dans les
riches possessions qu’il a en Amérique.
Il a trouve la plus douce récompense
de cette offrande a la justice , dans son
propre coeur, et dans rattachement tendre
et filial de ceux dont il a brisé la
chaîne $ ils n’ont plus voulu se séparer de
lu i, aussitôt qu’ils ont eu la liberté de le
quitter. Heureux celui qui trouve sa félicite
dans le besoin de faire le bonheur
d’autrui ! on aime à trouver de pareils
hommes j ils consolent de l ’injustice et de
la dureté de la plupart des autres.
Tout ce qui entoure le docteur Letsson
participe de la candeur et de l ’amabilité
de son caractère : les personnes qui composent
sa société sont dans le même genre.
Après avoir employé une partie de la
journée à soulager les nombreux malades
qu’il va visiter, il vient partager les jouissances
de l ’amitié, et réunit autour de
lui les personnes qu’il aime et dont il est
aimé.
Je soupai un soir chez lui avec les plus
aimables femmes de Londres j elles n’a-
voient, il est v ra i, ni poudre, ni parfum,
ni plumes sur la tête, comme la
plupart des autres dames ; mais leurs
beaux cheveux , d’uiie propreté recherchée,
ilottoient en boucles naturelles sur
des fichus d’une blanch eur et d’une finesse
que rien n’égaloit j et leurs vêtemens simples
, mais élégans , tiroient leur principal
éclat de la beauté et de la perfection des
étoffes , et sur-tout de la touchante physionomie
et de la grâce de celles qui les
portoient.
Tout répondoit dans cette maison à
cette propreté, à cette simplicité recherchée
qui caractérisent les quakers. Une
jeune veuve , d’une figure charmante ,