
dessins très - précieux en ce genre , faits
par d’habiles artistes ; mais ce qui fixa
le plus mon attention dans sa collection
, ce fut une espèce de momie , remarquable
sous un double rapport ; d’abord,
par le su je t, dont je parlerai bientôt -, secondement
, par les soins particuliers et
les procédés dont on a fait usage dans
cette préparation. Aussi celle r ci occupe-
t-elle une place distinguée dans la chambre
où. couche ordinairement le célèbre
anatomiste, qui afïèctionne infiniment cet
ouvrage.
Je fus introduit dans une pièce fort propre
, une table de forme oblongue en bois
d’acajou étoit au milieu et en face du lit.
Le dessus de la table s’ouvroit par une
coulisse, et j’apperçus, sous un châssis
en glace , une jeune femme de dix-neuf
à vingt ans, ayant de beaux cheveux bruns,
dans un état de nudité , étendue et couchée
comme sur un lit.
La glace fut levée, et Sheldon me fit
admirer la souplesse des bras, une sorte
d’élasticité dans le sein, et même dans
les joues, et une conservation parfaite
dans le reste du corps $ la peau ayant gardé
une partie de sa couleur, quoiqu’en contact
avec l ’air.
Je trouvai cependant les chairs un peu
trop desséchées et les muscles trop tendus ;
ce qui donnoit à la figure, qui a voit des restes
de beauté , un air de maigreur et de t iraillement
qui effaçoit trop la douceur de
ses traits.
Sheldon me dit que cet état venoit en
partie de la longue maladie à laquelle la
jeune personne avoit succombé.
Voici la manière dont il m’apprit que
cette préparation avoit été faite. Il avoit
d’abord injecté à plusieurs reprises le corps,
avec du fort esprit de vin saturé de camphre,
et mélangé d’un peu d’esprit de térébenthine.
La peau avoit été préparée et comme
tannée avec de l’alun en poudre fine
frotte avec la main. Les intestins furent
enlevés , plongés dans Lesprit de vin , et
vernis avec un mélangé de camphre combiné
avec de la poix résine ordinaire ; il
en fut fait autant à toutes les parties in-
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