
aussi plusieurs personnes en visite, parmi
lesquelles étoit un membre du parlement,
homme de beaucoup d’esprit qui
avoit voyagé avec fruit et connoissances
dans presque toutes les parties de l’Europe.
Je ne dois pas oublier que le lendemain
de notre arrivée le lord-juge, qui nous
avoit délogé si souvent, vînt dîner au
chateau : c etoit un homme déjà avancé
en â g e , mais un bon et loyal Ecossois , digne
des égards 'qu’on avoit pour lu i , car il
exerçoit sa place avec justice et humanité*
Nous fîmes notre paix avec lui au milieu
des toasts j et il nous assura, avec une
grande bonhommie, qu’il auroit partagé
son logement avec nous, s’il eût été instruit
de ce qui se passoit ; qu’au surplus
nous étions assurés de ne plus couche^ à
la rue, s il avoit le plaisir une autre fois
de nous rencontrer en route.
"Voici la vie douce et aimable qu’on
mène dans le château d’Inverary 5 qu’on
la compare avec celle des villes.
Chacun se lève le matin à l ’heure qui
lui plait ; les uns peuvent monter à cheval
,
v a l, d autres aller à la chasse ; je partois
au lever du soleil pour faire quelques excursions
d’histoire naturelle dans les environs.
A dix heures, la cloche avertit qu’il est
tems de dé jeûner :• on se rend alors dans
une grande sa lis , ornée de tableaux de
famille historiés, parmi lesquels il y en a
du Battoni, de Reynolds, et autres habiles
peintres italiens et anglois.
L ’on trouve plusieurs tables à thé couvertes
de bouilloires , de Crème fraîche, de
beurre excellent, de petits pains de plusieurs
sortes, et au milieu de tout cela
des bouquets de fleurs , des gazettes et des
livres ; un billardf, des piano et autres ins-
trumens de musique sont dans la même
pièce.
Après le déjeûner, les uns vont à la
promenade , les autres s’occupent à lire ,
à faire de la musique, ou rentrent dans
leurs appartenions jusqu’à quatre heures
et demie ; la cloche se fait entendre , et annonce
le dîner; l’on arrive à la salle à manger,
où l’on trouve une table de vingt-cinq
à trente couverts ordinairement. Lorsque
Tome I , «p