
■Le philosophe qui aime à voir la nature
en grand , et celui qui se plait à étudier
les détails de cette chaîne immense
qui semble lier tous les êtres , et dont le
dernier anneau paroît se confondre avec
le premier , ne trouvera rien qui puisse
1 intéresser au milieu d’un tel désordre.
Enfin, la jeunesse , si curieuse et si avide
de nouveauté, ne sera point émue, encore
moins excitée à l’étude par cet ap-
pat séduisant, si propre à développer ses
goûts, lorsqu’une collection les flatte et les
captive , par son bel arrangement et par la
propreté qui doit y régner.
Mais ce qui n’existe pas dans ce moment
pourra s’effectuer un jour : je le désire
bien sincèrement pour le progrès des
sciences naturelles ,♦ car une nation dont
les relations politiques et commerciales s’étendent
dans l ’un et l ’autre hémisphère,
et dont les vaisseaux parcourent tant de
mers, peut former facilement, lorsqu’elle
le désirera, 1 assemblage le plus brillant
et le plus riche des productions de la nature.
Alors le muséum national d’histoire
naturelle de Paris, qui l ’emporte à si juste
titre sur toutes les collections connues en
ce genre, ne sera pas l ’unique cabinet digne
d’étonnement et d’admiration, et cette
sorte de rivalité , bien plus honorable que
celle qui nait des haines ou des préventions
nationales , tourneroit du moins une
fois à l ’agrandissement des connoissances
humaines, et par là même au bonheur de
tous.