
D es Quakers. .
J ’ a i m e les quakers , et j’ai beaucoup
de plaisir à les v o ir , dans le particulier,
dans la société et dans leurs assemblées
religieuses j ils m’inspirent une vénération
involontaire.
Couverts de tout ce qu’il y a de plus
simple , de plus uni , de plus modeste,
mais en même tems de plus propre , de
plus fini, de plus parfait 5 il m’a semblé
que leur ame participoit de la blancheur
de leur beau linge, et qu’elle devoit être
aussi pure, aussi soignée que leurs vê-
temens.
Buf'fon avoit bien raison de dire que
l ’homme s’identifie , pour ainsi dire, avec
ses habits, et qu’il est beaucoup plus important
qu’on ne le croit d’accoutumer la
jeunesse à s’observer sur ce qu’on appelle
la tenue et le maintien honnête et décent.
Il y a un sens très* profond dans ce qu’a
écrit à ce sujet cet homme illustre. Il a dit
encore : « Nous prenons l ’idée d’un hom-
« me, et nous la prenons sur sa physio-
« nomie ; il n’y a pas jusqu’aux habits et
« à la coiffure qui n’influent sur notre ju-
« gement. Un homme sensé doit regarder
<c ses vêtemens comme faisant partie de
« lui-même , puisqu’ils en font, en effet,
« partie aux yeux des autres , et qu’ils en-
cc trentpour quelque chose dans l ’idée totale
cc qu’on se forme de celui qui les porte (1) . »
( Histoire naturelle de Vhomme > page 520,
in *4-°, )
Les lieux où les quakers se réunissent
pour leur culte, ou plutôt pour se recueil -
(1) Un homme qui n’étoit pas sans talent, mais qui a voulu
à tout prix jouer de trop bonne heure un rôle , Hérault-
de-Séchelles, fit un voyage à Montbart, en 1785, pourvoir
M. de Buffon, qui le retint plusieurs jours auprès de lu i,
et voulut bien lui donner des marques d’affabilité et même
de confiance.
Enreconnoissance de tant de témoignages de bonté, Hérault,
à son retour à Paris , n’eut rien de si pressé que d’annoncer
qu’il avoit fait un journal plein d’anecdotes et de
détails piquans sur le grand homme qu’il venoit de visiter,
et il lu t, dans plus d’un cercle , avec un ton de mystère ,
ce journal fait sous le toit de l’hospitalité. Cet écrit, surchargé
des plus minutieux détails, est un mélange disparate
d’éloges pompeux , de critique, d’épisodes satyriques ,
souvent scandaleuses, presque toujours fausses. Cette espèca
d’espionnage domestique, qui sent si fort l’ingratitude et lemau*