
Î110 V o y a g e e n A n g l e t e r r e
très pâtes, les vases étrusques, dont on
possède une si riche collection en Angleterre
, grâce aux soins du chevalier Ha-
milton qui les a recueillis pendant son
ambassade à Naples, et grâce au bon esprit
du parlement qui en a fait l ’acquisition
, afin de faciliter aux artistes anglois
l ’étude des plus excellens modèles.
Wedgwood a varié à l’infini l ’art de
préparer et de combiner les terres , pour
en faire les plus beaux ouvrages ; il savoit
très-bien que les porcelaines ont été portées
au plus haut degré de perfection en
France, et que rien ne peut surpasser ce qui
sort de Sève , et de quelques autres manufactures
enfantées par celle-ci ; il a donc
pris une route différente, et ne voulant
pas être copiste, il a , pour ainsi dire ,
créé un genre particulier qui lui est propre
, et qui seroit absolument original si
les ouvrages en terres brunes et en terres
rouges, sans demi-transparence et d une
grande dureté, qui nous viennent de la
Chine , ne lui avoient pas servi de type $
mais il n’en a pas moins le mérité d avoir
renchéri sur les Chinois, en trouvant de
nouvelles compositions, et sur-tout en s’attachant
aux plus belles formes.
O r , comme ses potteries sont recherchées
et répandues dans toute l’Europe.,
et que les exemples font plus que la théorie
et que les meilleurs livres, il est évident
que Wedgwood a contribué à une
sorte de révolution dans l’a r t , en multipliant
les formes heureuses, et en accou-^
tumant l’oeil à en saisir lés belles proportions.
Cet habile artiste, s’étant trouvé dans
le cas d’étudier journellement l ’action et
les diverses modifications du fe u , s’est
rendu, pour ainsi dire , maître de captiver
cet élément , et de le diriger à volonté.
Ses recherches l’ont conduit à inventer
un instrument de graduation qui
fait honneur à ses connoissances, et qui
porte son nom. Le pyromètre de Wedgwood
figure dans tous les cabinets de chimie
et de physique (1).
(i) Le célèbre Spallanzani en a fait une application très-
heureuse pour déterminer le degré dé feu nécessaire pour
mettre en fusion les laves dans les volcans , et il a reconnu