
Société royale.
La salle des séances de cette société est
dans l ’ancien hôtel de Sommersetj elle
m’a paru beaucoup trop petite. Il n’y a
pas long - tems qu’elle a été restaurée 5
mais malgré la fraicheur et l’élégance de
sa décoration, elle manque de ce caractère
noble et sévère qui convient à un lieu
consacré aux sciences , et elle ressemble
plutôt à une salle de concert qu’à celle
d’un lycée : la manière même dont les sièges
sont disposés confirme ce rapprochement.
Ces sièges ne sont que de simples banquettes
, avec des dossiers , rangées sur
des lignes parallèles occupant la totalité
de la salle. Le président et les secrétaires
ont seuls une place distinguée :
le premier est assis sur un fauteuil élevé
féroce des tigres , et l’on compteroit encore parmi les sa-
vans qui lionoroient leur patrie , les Malesherbe, les Bailly,
les Lavoisier, les Condorcet et tant d’autres savans , hommes
de lettres ou artistes, dont on a fait une si sanglante
boucherie.
de forme colossale , en bois d’acajou, garni
de maroquin rouge, et surmonte d un grand
écusson colorie et vernis ou sont les armoiries
académiques ; rien n est si gothique
et d’un aussi mauvais goût que cet
ornement.
La table qui est devant le fauteuil est
élevée et couverte, on ne sait pourquoi ,
d’un énorme coussin de velours cramoisi 5
en face de celle-ci est une seconde table
moins élevée, mais beaucoup plus longue ,
destinée pour les secrétaires, sur laquelle
gît une grande masse d’armes en bois doré
ou en métal : c’est le signe de toutes les
institutions royales.
La séance s’ouvrit à huit heures précises
; le chevalier Banks la présidoit 5
Blagden étoitunde secrétaires. Les étrangers
recommandés par quelques membres ,
sont placés à côté d’e u x , et pour peu
qu’ils soient connus, chacun s’empresse
de les recevoir avec politesse et affabilité
(1).
(1) On reproche mal à propos aul Anglois de la froideur ,
et même un peu de morgue ; ce sont leurs détracteurs. Cette