séparée de celle des femmes, et ont la tête
couverte d’un chapeau noir, à ailes à
demi - rabattues, sans gance et sans bouton
: ils ont les veux ' J humblement baissés
vers la terre, souvent même fermés, pour
n’être distraits par rien dans leurs méditations
contemplatives.
Les femmes ont également la tête couverte
de chapeaux d’un autre genre , en
soie , en velours ou en paille j mais fort
unis. Elles cachent, en général, leur v isagü
e ?, du moins dans ce lieu de recueillement
; leurs cheveux sont aussi sans poudre
, mais lavés et soignés avec une telle
propreté que c’est un de leur plus beaux
ornemens. Elles sont mises avec la plus
grande décence, cependant leurs vêtemens
sont toujours faits, en général, avec les
étoffes les plus fines et les plus recherchées,
mais dans le genre le plus modeste.
Au fond de l’église est une espèce d’estrade
un peu élevée, entouréee d’une balustrade
en bois 5 ce n’est pas une chaire
à prêcher, c’est plutôt une grande et longue
tribune aux harangues : c’est-là que
ceux ou celles qui sont animés par une
inspiration céleste vont se placer pour faire
part à haute voix à tous leurs frères des
élans de leur arne et des pensees touchau -
tes que l ’Eternel leur envoie.
Je les ai plusieurs fois contemple dans
cet état prophétique, avec l ’intime conviction
qu’ils n’étoient pas plus inspires
par le souffle de l ’esprit saint, que la sy-
bille , dans le tems des oracles , l’étoit par
celui d’Apollon , ou que les somnambu-
listes, en dernier lieu , par les prestiges et
les signes de Mesmer.
Mais en faisant la différence des quakers
, qui certainement sont de bonne fo i,
d’avec les autres qui ne respiroient qu’imposture
, j’aimois à suivre les impressions
qu’opéroit sur eux l’action de la pensée
trop long-tems soutenue sur des abstractions
métaphysiques : j ’en voyois quelques-
uns qui, à force de se fatiguer la tê te ,
finissoient par s’étourdir, et se croyant
inspirés, rompoient le silence profond qui
règne dans ces assemblées, et montoient
à la tribune.
C’est alors que je me plaisois à les cou