
que le chemin n’etoit pas meilleur que
celui que nous venions de parcourir.
Nous traversâmes le pont de Bun-Àwe,
âu - delà duquel on trouve deux maisons
isolées habitées par des pasteurs, et à un
fiiille plus loin a côté de la route une petite
hôtellerie avec quelques maisons bâties
tout autour: nous fûmes obligés de nous
y arrêter pendant une demi - heure pour
faire râfraichir les chevaux. Je me rendis
en attendant vers une petite chapelle située
sur une éminence voisine , où je vis,
dans le cimetière, deux pierres sépulchra-
lëS du même genre que celles de Dalmal ly ,
aVéc dés sculptures aussi anciennes ; mais
celles-ci paroissoient avoir un peu souffert
des injures du tems.
Il eût été peut être pi us prudent de nous
arrêter dans cette petite hôtellerie, quelque
misérable qu’elle fu t , parce qu’il n’y
avoit plus d habitation jusqu’à Oban ; mais
Patrick Fraser nous assura que nous pouvions
aller en avant, qu’il a voit fait une
autre fois cette route ; qu’il nous restoit
encore deux heures et demie de jo u r , et
que
que la lune qui devoit paroître, nous éclai-
reroit. Nous suivîmes ses conseils, et nous
partîmes.
Après avoir marché environ un demi-
quart-d’heure, nous apperçûmes, sur une
petite butte en face du chemin, une croix en
pierre noire de la nature de l ’ardoise ; un
Christ en demi-relief y étoit sculpté : le
style en étoit médiocre ; mais l ’ exécution
étoit d’un grand fini. La figure et la croix
étoient d’une seule pièce, et la pierre avoit
environ cinq pieds de hauteur : elle étoit
plantée sur une petite éminence.
Nous fûmes fort étonnés de voir un mo*
nument religieux de cette espèce si bien conservé
dans un pays protestant* un v ieux berger
qui s’approcha de nous dans le moment
où nous considérions cette croix, nous di*
qu’il savoit par ses pères qu’elle étoit dans
cet endroit depuis plus de quatre cents ans .
et que , quoiqu’il n’y eût point de catholiques
romains dans cette paroisse, et qu’on
eut détruit toutes les églises à l ’époque de
la réformation , cette croix avoit été respectée;
qu’il en ignoroit la raison, mais que
les gens du pays, étant accoutumés à la
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