
voir de père en fils , avoient conservé une
sorte de respect pour elle , quoiqu’ils n’eussent
aucune dévotion à cette image.
On nous indiqua en même tems à cinq
cents toises de-là une grande colonne de
pierre brute, sur laquelle on dit à Patrick
Fraser , que les Romains avoient f a i t des
sacrifices aux fa u x dieu x : ce furent-là les
expressions d’un habitant du pays, qui
avoit l ’air d’un maître d’école et qui par-
loit un peu anglqis. Nous ne pûmes résister
au désir de voir de près cette colonne,
qui n’est pas éloignée de la route. Elle est
de granit d ’un gris jaunâtre; sa forme
est à peu près triangulaire, mais elle
est l’ouvrage de la nature ; car l ’on ne
sauroit y distinguer la moindre trace de
travail. Elle est plantée sur un terrain
marécageux, dans une espèce de tourbière.
Je la mesurai, et je reconnus qu’elle
avoit dix pieds hors de terre et quatre en
dedans, ce qui fait quatorze pieds de France
de hauteur ; sa largeur moyenne est de
deux pieds environ , son épaisseur de deux
et un quart.
À quelque distance de ce pillier est une
enceinte ronde de vingt - quatre pieds de
circonférence , formée par de gros blocs
de granit brut. C’est encore ici un de ces
monumens très-anciens connus sous le nom
de carnj c’est-à-dire, de cercle druidi-
c a l {fi).
Nous employâmes une demi • h e u r e à
l ’examiner; l ’attrait de la curiosité nous fit
oublier que nous avions un long trajet à
parcourir,et que le soleil baissoit considérablement.
De gros nuages commençoient à
obscurcir l’horison , et comme il avoit fait
une chaleur étouffante dans la journée ,
nous craignîmes que le teins ne se tournât
( i) Ecoutons un instant Pennant au sujet de ces antiques
snonumens.
« Je parcourus à cheval ( dans l’île d'Arran , une des Hé-
* brides, ) la vallée qui s’ouvre vers le fond de la baie ; elle
« est fertile en orge, en avoine et en pois. J'y examinai deux
«grandes pierres en forme de colonnes, plantées en terre,
« mais absolument rustiques ; monumens communs à plu-,
«sieurs peuples, et qu’on trouve fréquemment au nord du
* pays de Galles , appelés main hirion ( en langue celtique),
« c ’est-à-dire, pierres élevées; ineini gwir, ou homme pii-
«liers, et lleche. Ces pierres sont communes en Comwal,
« et on en a également trouvé dans d’autres parties de l’An-
« gleterre. L ’usage d’élever de pareilles pierres remonte, à une
Z a