
8 a V o y a g e e n A n g l e t e r r e
faisant tomber ensuite sa lumière sur un
papier écrit en très-petits caractères, l ’on
peut reconnoître et compter facilement les
lignes ; il est curieux de distinguer ainsi
les objets à la lueur d’une étoile, c’est-
à-dire , d’un soleil qui est éloigné de plusieurs
centaines de millions de lieues des
confins de notre système.
Les étoiles doubles que les plus fortes
lunettes acroinatiques ne peuvent saisir ;
sont séparées, bien distinctes , lorsqu’on les
examine avec le télescope de vingt pieds.
M. Herschel me fit observer les nébuleuses
de M. Messier , d’abord avec le télescope
de sept pieds , c’est-à-dire, avec
celui qui avoit servi à découvrir la planète.
Ces petites taches sont encore nébuleuses
avec cet instrument, et l’on n’ap-
perçoit qu’une lueur foible et confuse 3
mais le télescope de vingt pieds ne permet
plus de douter que ce ne soit des
amas d’étoiles, qui ne paroissent ainsi confondues
que parce qu’elles sont dans un
éloignement immense : on les voit ici tres-
distinctes.
M. Herschel me pria de porter toute
mon attention sur les étoiles qu’il a reconnu
le premier avoir des couleurs différentes
les unes des autres , et parmi lesquelles
on en distingue qui tirent sur le
bleu, d’autres sur l’orangé, quelques-unes
sur le bleuâtre, etc.
Ce n’est certainement ni à une illusion
d’optique, ni à l’effet des miroirs et des
lentilles dont M. Herschel fait usage,
qu’il faut attribuer cette différence de
couleurs 3 je fis toutes sortes d’objections
à ce sujet, et le savant observateur y répondit
toujours par des faits auxquels
il n’étoit pas raisonnable de répliquer 3
ainsi, par exemple, il porta plusieurs fois
le télescope sur deux étoiles doubles de la
même grandeur à peu près, et séparées
l ’une de l’autre par un petit intervalle ,
du moins en apparence , car cet intervalle
est immense eu égard à l ’éloignement5 elles
étoient de la même couleur, c’est-à-
dire, de la lumière blanche des étoiles.
Le même télescope dirigé immédiatement
après sur d’autres étoiles doubles
voisines , l’une étoit évidemment de couv
leur bleue , l ’autre de couleur argentée ;
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