
vîmes le fils du duc qui ven oit au-devant
de nous, avec toutes les démonstrations
d une politesse franche et d’une affabilité
gracieuse.
On nous reçut dans la maison avec toutes
les démonstrations de l’amitié, au milieu
d’une société nombreuse, d’une famille
aimable , qui joignoit au meilleur ton , ces
affections prévenantes et naturelles, qui
forment le bel appanage des ames sensibles
et bien nées. Après les premiers com-
plimens, nous nous mîmes à table ; et
comme tout me plaisoit, tout m’intéressoit
dans cette maison, et que tout y avoit un
aspect sympathique , si je puis me servir
de cette expression ; je me dis à moi-
même : La femme de Tarbet avoit raison ;
voilà une adorable fam ille . L ’on parloit
françois à cette table avec autant de pureté
que dans les plus excellentes sociétés de
Paris.
L ’on ne manqua pas de nous questionner
sur le motif de notre voyage dans un
pays aussi peu fréquenté que cette partie
reculée de l’Ecosse ; mais l ’on n’en fut
point étonné lorsque l ’on sut que notre
projet étoit d’aller à l’île de S ta ff a , pour y
visiter la grotte de F in g a l, qui jouit d’une
grande réputation dans le pays.
L ’on nous d i t , autant que je puis m’en
rappeler , que le chevalier Hamilton, ambassadeur
à Naples, et le lord Greville ,
son neveu , étoient venu ici dans la même
intention, sans pouvoir trouver un jour
favorable pour pouvoir faire cette traversée,
quoiqu’elle ne soit pas longue; mais
que comme il n’y a ni rade, ni port autour
de cette île escarpée , et qu’on ne
peut y arriver que sur de très-petites embarcations
, il faut avoir un tems fait et
une mer tranquille ; ce qui est extrêmement
rare sur cette côte semée d’îles et
de courans, et exposée à des vents impétueux.
On nous conseilla, pour abréger le trajet
de mer, de nous rendre à Oban > de
longer de-là le canal de M u ll, jusqu’à l’île
qui porte ce nom ; de traverser cette île
dans toute sa largeur jusqu’à Torloisk,
où nous trouverions une maison habitée
par M. Mac-Liane, homme très - estimable
pour lequel M. le duc d’A rgille nous