
séjour d’une heure. Cette espèce de coupure
a plus de dix milles de longueur ; l ’on
ne trouve ici ni maison, ni chaumière ,
pas un être vivant , si ce n’est quelques
poissons dans un petit lac qu’on rencontre
à mi-chemin 5 je 11e parle pas des troupeaux
de moutons qui paissent sur les
parties les plus élevées, puisqu’ils sont à
une si grande hauteur et sur des bruyères
si escarpées , que ne pouvant distinguer
leurs mouvemens ni leur allure , on les
prend pour des pierres plutôt que pour
des êtres animés j mais on les reconnoit
en les observant avec des lunettes.
Nous voyageâmes ainsi pendant près de
six heures dans ce triste passage, dont
les chemins ne sont ni ferres , ni entretenus
, et nous débouchâmes subitement
au bord du loch Fyne , dans V Aryilleshire.
Le premier village qu’on rencontre à l ’ex- .
trémité de ce lac est Carindow. L ’on fait
le tour de dette pointe du la c , qui forme
une espèce de fourche dans cette partie ,
et l ’on arrive ensuite à Inverary, capitale
de l ’Argilleshire. lin e faut pas se persuader
que ce chef-lieu soit une ville, c’est
simplement ce qu’on appeleroit en France
un village $ mais un village agréablement
situé , au bord du beau lac Fyne , qui peut
porter de gros vaisseaux, et dans lequel
le hareng entre en abondance dans la saison
favorable à cette pêche , qui forme
un objet de revenu pour le pays. L ’on voit
ici des pâturages et quelques bois dans la
vallée , qui est terminée par un beau parc 5
l à , des jardins variés , des prairies couvertes
de troupeaux, des collines plantées
d’arbres verts , au pied desquelles est une
superbe et vaste habitation dans le style gothique
, animent cette belle scène ; c’est le
château du duc d’Argille, à un mille environ
d’Inverary.
Nous étions à la porte de la seule auberge
qu’il y ait dans la petite v ille , et
d’ou l ’on jouit de ce tableau ; les voitures
entroient dans la cour , lorsque le
maître vint nous avertir très - poliment
qu’on ne pouvoit pas nous recevoir, que
tous les logemens étoient les uns arrêtés,
les autres occupés par des étrangers. C’é-
toit encore le lo rd -ju g e qu’on attendoit
ic i , et pour qui l’on avoit réservé, com-
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