
cultés, et avant de parvenir au point de
perfection où ils ont été portes chez certains
peuples , les arts ont passe par mille
essais, par mille tâtonnemens divers qui
annoncent que leur marche est la même
que celle de l ’esprit humain , qui ne chemine
à son tour qu’à petits pas et ne
parcourt que lentement la route des de-
couvertes.
J’aime à voir aussi la manière dont divers
peuples traitent le même art $ il y a
toujours quelques procédés particuliers
aux uns qui ne se trouvent pas chez les
autres.
Nous connoissons la cause de l ’excellente
qualité des cuirs préparés par les
Anglois j elle est due principalement aux
avances qu’ils sont en état de faire pour
laisser séjourner plus long-tems les peaux
dans les fosses, et à quelques améliorations
dans la main-d’oeuvre.
L ’on prépare à Annonai et à Grenoble
des peaux pour les gands blancs qui
surpassent celles qu’on fait en Angleterre
j mais en Angleterre l ’on a l’a r t, depuis
quelque tems, d’établir des parchee
t e n E c o s s e .
mins, des vélins et sur-tout des marroquins
supérieurs aux nôtres.
On peut même dire que les fabriques
de marroquin ne font que de naître en
France, quoiqu’elles y aient pu autrefois
de la réputation, s’il faut en croire
un auteur célèbre (1) ; mais les guerres c iviles
, et sur-tout celles de religion, firent
fuir nos plus belles manufactures, qui furent
appelées en Allemagne et en Angleterre
par la tolérance, par la liberté des
cultes et par la politique.
Je m’entretenois sur cet objet avec un
Anglois très -instruit, qui me proposa de
me conduire dans une manufacture de
ce genre , située dans une des extrémités
de la ville de Londres et dirigée par
des Lorrains ; je devois y voir une presse
de la plus grande force, dont les effets
contribuent à donner de la qualité aux
peaux destinées à être préparées en marroquin.
Je me rendis dans ce bel établissement,
(i) Rabelais fait mention des beaux marrocjuins de Monté -
Umax en Daupbiué,