
Banks présidoit et occupoit la place d’honneur.
On n’eût pas la peine de déployer
les serviettes, il n’y en avoit point ; le
dîner étoit véritablement à l ’angloise.
Un membre du club , homme d’église ,
c’é to it, je crois , l ’astronome Masckeline ,
lit une courte prière , et bénit les convives
et les mets. .Les plats étoient composés
de grosses viandes , telles que du boeuf
rôti , du boeuf grillé et du mouton apprêté
de plusieurs manières, avec abondance de
pommes de terre et d’autres végétaux, que
chacun assaisonnoit à sa manière, au
moyen des sausses diverses dont la table
étoit garnie, et qu’on puisoit dans des
vases de forme variée.
On arrosa d’abord les beef- stake et
les roast-beef, avec de grandes lampées
de bierre forte, connue sous le nom de
porter : on la boit dans des pots cylindriques
d’étain , et on la trouve beaucoup
meilleure que dans des verres, parce
qu’on peut d’un seul trait en avaler une
pinte.
Ce prélude fini, la nappe fut levée, et
une table bien propre, et en bois poli.
fut couverte comme par magie d’une multitude
de beaux flacons de cristal, remplis
des meilleurs vins de Porto, de Madère
et de clairet: ce dernier est du vin de
Bordeaux. On distribua à chacun plusieurs
verres à pieds, aussi brillans que beaux
de formes , et les libations commencèrent
d’une grande manière , au milieu de diverses
sortes de fromages q u i, roulant d’ufi
bout de la table à l ’autre, dans des coffrets
de bois d’acajou montés sur des roues,
alloient provoquer la soif des buveurs.
Pour donner plus de mouvement à la
scène, le président porta d’abord la santé
du prince de Galles : c’étoit l ’anniversaire
de sa fête.
On but à celle de l’électeur Palatin : il
devoit ce jour-là être reçu de la société
royale.
Nous étions cinq étrangers dont le tour
arriva.
Les membres du club se saluèrent ensuite
un à un , avec un verre de v in , c ’est-
à-dire, qu’on but autant de fois qu’il y
avoit de convives,* car c’est manquer
de politesse en Angleterre de boire à la