
me de raison , la plus belle pièce $ les
jurés étoient en possession du reste de la
maison.
Nous avions des lettres de recommandation
pour le duc d’Argifle ; nous savions
qu’il étoit venu passer l ’automne dans cette
belle terre j mais nous ne voulions nous
présenter chez lui qu’après avoir établi notre
domicile ailleurs, car notre intention
n’étoit certainement pas d’abuser des politesses
qu’on voudroit nous faire.
L ’inflexibilité de notre hôte , qui ne
nous permit pas de faire détacher nos valises
et de mettre le pied dans sa maison
, nous embarrassoit cruellement. Nulle
autre hôtellerie pour nous recevoir ; il
ne nous restoit d’autre ressource que de
pousser jusqu’à Dalmally y à quinze milles
d’Inverary 5 mais il étoit trop tard pour
se mettre en route , et il auroit fallu voyager
une partie de la nuit par des très-mauvais
chemins 5 nous étions d’ailleurs privé
par-là de l’avantage de voir le duc d’Argille,
de lui remettre nos lettres et de puiser auprès
de lui des instructions et des connojs-
sances sur le pays et sur la traversée difficile
que nous avions encore à faire avant
de gagner le port d’Oban , dans une route
aussi déserte. {
D’après ces considérations , nous demandâmes
à l ’aubergiste s’il voudroit au
moins nous donner la permission d’entrer
chez lui pour écrire une lettre au duc
d’Argille : ce nom fut pris en si grande
considération qu’on nous accorda sur-le-
champ ce que nous désirions. Nous lui
marquâmes notre position, en lui faisant
part du désir que nous avions de lui présenter
nos hommages, et en même tems
de la crainte que nous éprouvions de l ’importuner.
Nous joignîmes à notre billet
nos lettres de recommandation. Un exprès
fut expédié , et la réponse nous fut promptement
apportée par un peintre françois
qui travailloit au château, et qui vint nous
dire qu’on nous attendoit avec empressement
, qu’on nous prioit de venir comme
nous étions, et qu’on ne se mettroit point à
table pour dîner que nous ne fussions arrivés.
L’on envoya en mêmetems des domestiques
pour chercher nos voitures.
Nous nous acheminâmes, lorsque nous