6 H i s t o i r e N a t u r e l l e
arbres; que d’un coup de fon corps, il fait brèche
dans un mur, que terrible par la force, il eft encore
invincible par la feule réfiftance de fa maffe, par l’é-
paiffeur du cuir qui la couvre , qu’il peut porter fur
fon dos une Tour armée en guerre St chargée de
plufieurs hommes; que feul, il fait mouvoir des machines
& tranfporte des fardeaux que fix chevaux ne
pourroient remuer ; qu’à cette force prodigieufe., il
joint encore Je courage, la prudence, le fàng-froid,
l’obéiffance exaéle ; qu’il conferve de la modération*
même dans fes paffions les plus vives ; qu’il eft plus
-confiant qu’impétueux en amour*; que dans la colère,
cùm folus elephas tribus vicibus motum detrahebat. Vartomannus, apud
Gefner. cap. de Elephanto. — Silvejlres elepkanti fagos, oleajlros &
palmas dentibus fubvertunt radicitùs. Oppian. — Promufcis elepkanti naris
ejl quâ cibum, tam ficcum qu'am humidum, ille capiat, orique perinde ac
manu admoveat. Arbores etiam eâdem compleftendo eve/lit; denique eâ
non alio utitur modo niji ut manu. Ariftot. de partib. animal. lib. I I ,
çap. i 6. — Habet præterea talem tantamque narem elephantus, ut eâ
manûs vice utatur................... Suo etiam reâori erigit atque offert, arbores
quoque eâdem projlernit, ù “ quoties immerfus per aquam ingreditur, eâ
ipsâ édita in fublime refat atque refpirat. Arift. hill. Anim. 1t[i. I I , eap. i .
— L a force de Méphant eft fi grande, qu’elle ne fè peut prelque
reconnoitre, finon par l’expérience; j ’en ai vû un porter avec les
dents deux canons de fonte, attachés & liés enfemble par des cables,
& pelant chacun trois milliers: il les enleva feul & les porta l’elpace
de cinq cents pas. J ’ai vû auffi un éléphant tirer des navires & galères
en terre & les mettre à flot. Voyages de F r. Pyrard. Paris, i 6 1 y ,
tome I I , page y y 6.
* JVec adulteria novére ,.nec ulla propter fulminas inter fe pralia, cceteris
animalibus pemicialia, non quia défit illis amoris vis, &c. Plin. lib. V I I I ,
il ne méconnoît pas fes amis; qu’il n’attaque jamais
que ceux qui l’ont offenfé ; qu’il fe fouvient des bienfaits
auffi long-temps que des injures; que n’ayant nul
goût pour la chair St ne fe nourriflànt que de végétaux,
il n’eft pas né l’ennemi des autres animaux, qu’enfin,
il eft aimé de tous, puifque tous le refpeétent & n’ont
nulle raifon de le craindre.
Auffi les hommes ont-ils eu dans tous les temps
pour ce grand, pour ce premier animal une efpèce
de vénération. Les Anciens le regardoient comme un
prodige, un miracle de la Nature ( St c ’eft en effet fon
dernier effort); ils ont beaucoup exagéré fes facultés,
naturelles, ils lui ont attribué fans héfiter des qualités
intelleéluelles St des vertus morales. Pline, Ælien,
Solin , Plutarque St d’autres Auteurs plus modernes
n’ont pas craint de donner à ces animaux des moeurs,
raifonnées, une religion naturelle St innée *, l’obfervance
cap. 5. —Mas quam impleverit coitu, eam amp/iùs non tangit. Ariftot.
hift. Anim. lib. IX , cap. 4 6 .
1 Hominum indigenarum linguam elepkanti intelligunt. Æh'an. lib. IV
« P - 2 + ......... Lunâ nova nitefeente, audio elephantos naturali quâdam &
ineffabili intelligentiâ e fdvâ, ubi pafeuntur, ramos recens decerptos emferre,
eofque deinde in fublime tollere, ut fufpicere, & leviler ramos movere ’,
tanquam fupplicium quoddam Deoe protendentes, ut ipfis propria &
benevola effe velit. -H . lib. IV , cap. 1 0 . —Elephas ejl animalproximum. ■
kumanis fenfibus.. . . Quippe intelleâus illis fermonis patrii & imperiorum
obedientia, officiorumque, quoe didicére, memoria, amoris & glorice voluptas‘ -
imo vero, quee etiam in Aomine rara, probitas, prudentia, cequitas, religio
quoque fiderum, folifque ac lunce veneratio. Autores funt, nitefeente .hmü