
 
		lieu  d’attaquer, cet  animal  de  face  &  debout  le  fuivent  
 de  loin  par  fes  traces,  &  attendent pour  l’approcher  les  
 heures  ou  il  fe  repofe  &  s’endort.  Nous  avons  au  
 Cabinet  du  Roi  un  foetus  de  rhinocéros,  qui  nous  a  
 ete  envoyé  de  1  ifîe  de  Java,  &  qui  a  été  tiré  hors  
 du  corps  de  la  mère;  il  efl  dit  dans  le Mémoire  qui  
 accompagnoit  cet envoi,  que vingt-huit chalfeurs  s’étant  
 affemblés  pour  attaquer  ce  rhinocéros,  ils  l’avoient  
 d abord  ffiivi  de  loin  pendant  quelques  jours,  fàifànt  
 de  temps  en  temps  marcher  un  ©u  deux  hommes  en  
 avant,  pour  reconnoître  la  pofition  de  l’animal;  que par  
 ce  moyen  ils  le  furprirent  endormi,  s’en  approchèrent  
 en  filence  &  de  fi  près,  qu’ils  lui  lâchèrent  tous  en-  
 fernble  leurs  vingt-huit  coups  de  fufil  dans  les  parties  
 inférieures  du iras - ventre. • 
 On  a  vû  par  la  deicription  de  M. 'Parfons,  que  cet  
 animal  a  1 oreille  bonne  &  même  très-attentive,  on  
 alfure ggjffi  qu’il  a  l’odorat  excellent;  mais  on  prétend  
 qu il  n a   pas  1 oeil  bon  * ,   &  qu’il  ne  voit,  pour  ainfi 
 les  lieux  marécageux,  ils  l’obfervent  quand  il  s’y   retire,  &  fè  cachant  
 dans les buiflons  au  deflbus  du  vent,  ils  attendent  qu’il  fe  loit  couché  
 loit  pour  s endormir  ou  pour  fe  vautrer,  afin  de  le  tirer  près  des  
 oieilles,  qui  elt  le  lèul  endroit  où  il  peut  être  bleflé  à  mort.  Us  le  
 mettent au  deflbus du  vent,  parce  que  le  rhinocéros  a  cela de propre  
 quil  découvre  tout par  l’odorat;  de  forte  que quoiqu’il  ait des  yeux,  
 il ne s en  fort néanmoins  jamais que l’odorat  n’ait  été  frappé  par  l’objet  
 qui fo préfonte-à la vue.  Hijtoire  nat.  de Siam, par Germife',  page y  y . 
 *  Voyez  la  note  précédente. — Le  rhinocéros  a  les  yeux  fort  petits  
 &  ne  voit  abfoiument  que  devant  lui :  lorfqu’il  marche  &  qu’il 
 dire ,  que  devant  lui.  La petitelfe  extrême  de  fes  yeux,  
 leur  pofition  baffe,  oblique  &  enfoncée;  le  peu  de  
 brillant  &  de mouvement  qu’on  y  remarque,  femblent  
 confirmer  ce  fait.  Sa  voix  efl  affez  lourde  lorfqu’il  efl  
 tranquille,  elle  reffémble  en  gros  au  grognement  du  
 cochon ;  &   lorfqu’il  efl en  colère,  fon  cri  devient aigu  
 &  fe.fait  entendre  de  fort  loin.  Quoiqu’il  ne  vive  que  
 de végétaux,  il  ne  rumine  pas;  ainfi  il  efl  probable  que,  
 comme  l’éléphant,  il  n’a  qu’un  eflomac  &  des  boyaux  
 très-amples,  &  qui  fuppléent  à  l’office  de  la  panfè;  fa  
 confommation,  quoique  confidérable,  n’approche  pas  
 de  celle  de  l’éléphant,  &  il  paraît  par  la  continuité  &  
 l’épaiffeur  non  interrompue  de  fa  peau,  qu’il  perd  auffi  
 beaucoup  moins  que  lui  par  la  tranfpiration. 
 pourfuit  là  proie,  il va  toujours  en  droite  ligne,  forçant,  renvèrlânt  
 perçant  tout  ce  qu’il  rencontre;  il  n’y  a  ni  buiflons,  ni  arbres,  ni  
 ronces épaiflès,  ni  groflès pierres qui puiflènt l’obliger  à fo  détourner •  
 avec fa  corne  qu’il  a  for  le  nez,  il  déracine  les  arbres,  il  enlève  les  
 pierres qui  s’oppofont  à  fon pafîàge,  &  les  jette  derrière  lui  fort  haut  
 à une  grande  diltance  &  avec  un  fort  grand  bruit;  en  un  mot,  il  
 abat  tous  les  corps  fur  lelquels  elle  peut  avoir  quelque  prifo.  Lorfqu’il  
 ne  rencontre  rien  &  qu’il  efl  en  colère,  baillant  la  tête,  il  fût  
 des  filions  for  la  terre,  &  il  en  jette  avec  fureur  une  grande  quantité  
 par - deflus  (à  tête.  Il  grogne  comme  le  cochon ;  fon  cri  ne  s’entend  
 pas  de  fort  loin  lorfqu’il  efl  tranquille,  mais  s’il  marche  après  là  
 proie, on  peut l’entendre à  une grande  diftançe.  Defcription  du  cap  de  
 Bonne-efpérance, p a r Koi.be,  trois volumes in - 1 a . Amjterdam,  i p u  i . 
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