
 
		II  y  a  line  grande  quantité  de  buffles  fàuvages  dans  
 les  contrées  de  l’Afrique Jk  des Indes ,  qui  fontarrofees  
 de  rivières  &  où  il  fe  trouve  de  grandes  prairies ;  ces  
 buffles  fàuvages  vont en  trou-peaux a  &   font  de  grands  
 dégâts  dans  les  terres  cultivées  ,  mais  ils  n’attaquent  
 jamais  les  hommes,  &   ne  courent  defflis  que  quand  
 on  vient  de  lesbleffer:  aiors  ils font  très-dangereux  
 car  ils vont  droit  à  l’ennemi,  le  renverfent &  Je tuent en  
 le foulant  aux  pieds ;  cependant  ils  craignent  beaucoup  
 l ’afpeéi du feuc, la couleur rouge leur déplaît. Aldrovande, 
 *  O n  voit  paître  dans  les  campagnes  des  iïfe  Philippines  une  fi  
 grande  quantité de buffles feutrages,  fembiabte  à  ceux  de la C hine,  
 qu’un  bon  chaflêur  pourrait à cheval,  avec  une lance, en tuer dix &  
 vingt  en un  jour.  -L.es  Eipagncrls  les  tuent  pour  en  avoir  la  peau,  
 &  les  Indiens  pour  les manger.  Voyage  de  Gemelli  Careri,  tome  V,  
 page  1 6 2 . 
 t  Nègres  nous  dirent,  que  quand  on tire  fur  les buffles  fens  
 t e  bleffer mortellement,  ils  s’élancent avec fureur  fur  les  perfonnes,  
 te   renverlènt & les  tuent  à  coups de pieds.... Les Nègres  épient les  
 endroits  où  les  buffles  s’affemblent  le  foir,  &  ils montent  fur  un  
 grand arbre d’où  ils  les  tirent,  &  ils  n’en  defeendent  que  lorfqu’ils le  
 ■ voient  mort.  Voyage  de Bofman,  pages 4 3  7  à"  4 3  8,. 
 |  -I.cs buffles ,  au cap de Bonne-efpérance,  font plus  gros  que ceux  
 ■ qu’on a  en  Europe ;  au  lieu  d’etre  noirs  comme  ceux - c i,  ils  lont  
 d ’un rouge obfour ;  fur le ffom , fort'une  touffe  de poil  frifé  & rude;  
 tout leur  corps  eft fort bien  proportionné,  &  ils  avancent extrêmement  
 la  tete";  leurs  cornes  font 'fort  courtes  & penchent  du côté  du  
 cou;  les  pointes  font  recourbées  en  dedans  &  le  joignent prelque ;  
 ils  ont la peau  fi  dure 'St  fi  forme  qu’il  eft difficile  de  les- tuer  fins  
 le fccours d ’une  bonne  arme  «L  fou ;  & leur  chair  n’eft  ni  îx gralîe  
 ni  fi  tendre  que  celle des  bceüfs ordinaires.  Le buffle  du C ap, entre 
 du B u f f l e , du B  o n  as u s , frc.  335  
 Kolbe &  plufieurs  autres Naturalifles  &  Voyageurs  affu-  
 rent  que  perfonne  n’ofe  fe  vêtir  de  rouge  dans  le  pays  
 des buffles  :  je  ne  fais  fi  cette  averfion  du  feu  &  de  la  
 couleur  rouge  eft  générale  dans  tous  les  buffles  ;  car  
 dans  nos  boeufs,  il  n’y  en  a  que  quelques-uns  que  
 le  rouge  effarouche. 
 L e   buffle,  comme  tous  les autres  grands  animaux  des  
 climats  méridionaux,  aime  beaucoup  à  fe  vautrer  &  
 même à  féjourner dans  l’eau;  il  nage  très-bien  &  traverfè  
 hardiment  les  fleuves  les  plus  rapides  :  comme  il  a  les  
 jambes  plus  hautes  que  le  boeuf,  il  court auftî  plus  légèrement  
 fur  terre.  Les Nègres  en Guinée,  &  les  Indiens  
 au Malabar, où les buffles fàuvages font en  grand nombre,  
 s’exercent  fouvent  à  les  chaftfer  ,  ils  ne  les  pourfuivent  
 ni  ne  les attaquent de  face,  ifs  les  attendent,  grimpés  fur  
 des  arbres,  ou  cachés  dans  l’épaiffeur  de  la  forêt  que  
 les  buffles  ont  de  la  peine  à  pénétrer  à  caufe  de  la  
 groffeur  de  leur  corps &  de l’embarras  de-leurs  cornes:  
 ces  peuples  trouvent  la  chair  du  buffle  bonne,  &  tirent  
 un  grand  profit  de leurs  peaux  &  de  leurs  cornes  ,  qui  
 font  plus  dures  &  meilleures  que  celles  du  boeuf. 
 en  fureur  à  la  vue d’un  habit  rouge,  &  à  l’ouïe  d’un  coup  de  fùfil  
 tiré  près  de  lui ;  dans  ces  occasions,  il  pouflê  des  cris  affreux,  il  
 frappe  du  pied ,  remue  la  terre  &  courant  avec  furie  contre  celui  
 qui  a  tiré  ou  qui  eft  habillé  de  rouge,  il  franchit  tous  les  obftacles  
 povtr  venir  à  lui  :  ni  le  fou  ni  l'eau  ne  l’arrêtent ;  il  n’y  a  qu’un®  
 muraille  ou  autre  chofe  fomblable,  qui  foit  capable  de  le  retenir,  
 Defcription  du  cap  de  Bonne-efpérance,  par  Kolbe,  tome  I I I ,   
 chapitre  X I ,  page 2 -J.