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 un  éléphant  doit  pefer  autant  que  cinquante  hommes. 
 «  J ’ai  vû,  dit  le P. Vineent Marie,  quelques  éléphans, 
 »  qui  avoient  quatorze  &  quinze  pieds  de  hauteur  \   avec  
 »  la  longueur  &  la  groffeur  proportionnées.  L e   mâle  eft  
 „   toûjours  plus  grand  que  la  femelle.  L e   prix  de  ces  
 »  animaux  augmente  à  proportion  de  la  grandeur,  qui  fe  
 j, mefure depuis  l’oeil  jufqu’à  l’extrémité du dos,  & quand  
 „   cette dimenfion  atteint un  certain  terme,  le prix  s’accroît  
 »>  comme  celui  des  pierres  précieufes  L  Les  éléphans  de  
 »Guin ée ,  dit  Bofman,  ont. dix,  douze  ou  treize  pieds  
 » d e   haut0,  ils  font  incomparablement  plus  petits  que  
 »  ceux  des  Indes  orientales,  puifque  ceux  qui  ont  écrit  
 »  l’hiltoire  de  ces  pays-là  donnent  à  ceux-ci  plus  de  
 »  coudées  de  haut  que.  ceux-là  n’en  ont  de pieds  J .  J  ai  
 »  vû  des éléphans  de  treize  pieds  de  haut,  dit  Edward  
 »  T e r r i,  &  j ’ai  trouvé  bien  des  gens  qui  m ont  dit  en  
 avoir vû de quinze pieds de haut ' » ;  de  ces  témoignages  
 &   de  plufieurs  autres  qu on  pourrait  encore  ralTembler,  
 on  doit  çonclurre  que  la taille la  plus  ordinaire  des  éléphans, 
   eft  de  dix  à  onze  pieds,  que  ceux  de  treize &  
 de  quatorze  pieds  de hauteur font  très-rares, &   que  les * 
 *  Nota.  Ces  pieds  font  probablement  des  pieds  Romains. 
 ■>  Voyage  aux Indes  orientales du P . Vincent  M a rie ,  &c.  chap. X I ,  
 page 396. 
 « Nota.  C e   font  probablement  des  pieds  du  Rhin. 
 *  Voyage  en  Guinée de  Guillaume  Bofman,  page  24 4 . 
 '  Voyage aux  Indes  orientales,  par Edward  T e rri, page  1 3 . 
 Nota.  C e   font  p eut- être  des  pieds  Anglois, 
 d e   l ’É l é p h a n t .  7 3   
 plus  petits  ont  au  moins  neuf pieds  lorfqu’ils  ont  pris  
 tout leur accroiffement  dans l’état  de  liberté.  Ces rnalfes  
 énormes  de matière  ne  laiffent pas,  comme  nous  l’avons  
 dit,  de  fe  mouvoir avec  beaucoup  de vîteffe ;  elles  font  
 foûtenues  par  quatre  membres  qui  relfembient  moins  
 à  des  jambes  qu’à  des  piliers  ou  des  colonnes  maffives  
 de  quinze ou  dix-huit  pouces  de  diamètre,  &  de  cinq  
 ou  fix  pieds  de  hauteur;  ces  jambes  font  donc  une  ou  
 deux  fois  plus  longues  que  celles  de  l’homme,  ainfi  
 quand l’éléphant ne feroit  qu’un pas tandis  qu’un  homme  
 en  fait  deux,  il  le  furpafferoit  à  la  courfe.  Au  relie  le  
 pas  ordinaire  de  l’éléphant  n’elt  pas  plus  vite  que  celui  
 du  chevala,  mais  quand  on  le poulfe  il prend  une efpèce  
 d’amble  qui,  pour  la  vîteffe,  équivaut  au  galop.  II  
 exécute donc  avec  promptitude  &  même  avec  alfez  de  
 liberté  tous  les  mouvemens  direéts,  mais  il  manque  
 abfolument de  facilité  pour  les  mouvemens  obliques  ou  
 rétrogrades ;  c ’elt  ordinairement dans  les  chemins étroits  
 &  creux  où  il  a  peine  à  le  retourner,  que  les Nègres  
 l’attaquent  &  lui  coupent  la  queue,  qui  pour  eux  ell  
 d’un  auffi  grand prix  que  tout  le  relie  de  la  bête ;  il  a  
 beaucoup  de  peine à  defcendre  les  pentes  trop  rapides,  
 il  ell obligé  de  plier  les  jambes  de  derrière  t  afin qu’en  
 defcendant,  le devant  du  corps  conlèrve  le niveau  avec  
 la  croupe,  &  que  le  poids  de  là  propre  malfe  ne  le 
 "Note s  de  M.  de B u flÿ ,  qui  nous  ont  été  communiquées  par  M.  
 le Marquis de Montmirail. 
 1 Notes  de  M .  de  B u lîÿ ,  idem• 
 Tome  X I   K