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 l’expreffion  des  fons;  il  diftingue  le  ton  impératif,  celui  
 de  la  colère  ou  de  la  fitisfaétion»,  &  il  agit  en  confé-  
 quence.  Il  ne  fe  trompe  point  à  la parole de fcn maître,  
 il  reçoit  fes  ordres  avec  attention,  les  exécute* avec  prudence  
 ,  avec  empreflement,  fins  précipitation ;  car  fes  
 mouvemens  font toujours-meftirés & lbn  caraétère paroît  
 tenir  de  la  gravité  de  f i  malfe ;  on  lui  apprend aifément  
 à  fléchir  les  genoux  pour  donner  plus  de  facilité  à  
 ceux  qui  veulent  le  monter;  il  carefle  fes  amis  avec  f i 
 fi  on  ne  leur  fâilbit poFter  a manger par  des efclaves,  à H  vue defquels-  
 ils s’accoutument, &   ainfi  ils s’appri voilent»peu  à  peu ,  jufque-Ià  qu’ils-  
 vont  avec  eux  à  Goa  &  dans  les  autres  pays  voifins,  pour  gagner  
 leur  vie  &   celle  de  leurs  maîtres.  Divers  Afémoires  touchant les  Indes  
 orientales,  premier  D  i f  cours,  tome  I I ,  page  2  y y.  Recueil  des  voyages  
 de la Compagnie  des  Indes.  Amjlerd.  1  y  1 1 .   — Comme  les  Européens  
 payent  les  dents  des  éléphans  allez  ch e r,  c’eft  un  motif  qui  arme  
 continuellement  les  Nègres  contre  l ’éléphant.  Ils s’attroupent  quelquefois  
 pour  cette  chaiïè,  avec  leurs  flèches  &   leurs  zagayes.  Mais  leur  
 méthode ia   plus  commune  eït  celle  des  folles,  qu’ils  creulènt  dans  les  
 bois,  qui  leur  réulMèiit  d’autant  mieux,  qu’on  ne  peut  guère  le 
 tromper  à  la  trace  des  éléphans...........O n  les  prend  en  deux  façons, 
 o u   en  leur  préparant  des  folTes  couvertes  de  branches  d’arbres,  dans  
 lelquelles  ils  tombent làns y   prendre  ga rde,  ou  à  la chalîe,  qui  fe  fait  
 de cette  lorte.  Dans fille  de Ce ylan, où il,y a  une très-grande multitude  
 d’éléphans,  ceux  qui s’occupent  à  leur  chalîe  ont  des éléphans  femelles  
 qu’ils  appellent  Alias.  D è s  qu’ils  lavent  qu’il  y  a  en  quelque  lieu  
 quelques-uns de  ces animaux  encore  làuvages,  ils  y vont,  menant  avec  
 eux  deux  de  ces  Alias,  qu’ils  relâchent  aulli-tôt  qu’ils  découvrent  un-  
 mâle;  elles  s’en  approchent  des  deux  côtés,  &   l’ayant  mis  au milieu,  
 i ’y   retiennent fi ferré, qu’ il lui  eft impolîible de s’enfuir.  Voyage d’Orient  
 du  P*  Philippe  de  la  très-fainte  Trinité»  Lyon,,  1  66y ,   page  y 6 
 trompe,  en  filue  les  gens  qu’on  lui  fait  remarquer,  il  
 s’en  fert  pour  enlever  des  fardeaux  &  aide  lui-même  à  
 fe  charger;  il  fe  laiffe  vêtir &  femble  prendre  plaifir  à fe  
 voir  couvert de  harnois dorés & de houfles brillantes ;  on  
 l'attelé,  on  l’attache  par  des  traits  à  des  chariots a,  des  
 charues,  des  navires,  des  cabeftans ;  il  tire  également,  
 continûement&fins  fe rebuter,  pourvû qu’on ne l’infulte  
 pas par des  coups  donnés  mal-à-propos, &  qu’on  ait l’air  
 de  lui  fivoir  gré  de  la  bonne  volonté  avec  laquelle  il  
 emploie  fes  forces.  Celui  qui  le  conduit  ordinairement  
 eft monté  fur  fon  cou  &  fe  fert  d’une  verge  de  fer  !>, 
 a V oic i  cè  que  j’ai  vu  moi-même  de  l’éléphant.  I l  y   a  toujours  à  
 Goa  quelques  éléphans  pour  1èrvir  à  la  conftruCtion  des  navires :  je  
 vins  un  jour  au  bord  du  fleu ve,  proche  duquel  on  en  faifoit  un  
 très-gros  dans  la  même  ville  de  G o a ,  où  il  y   a  une  grande  place  
 remplie  de  poutres  pour  cet  effet ;  quelques  hommes  en  lioient  de  
 fort  pelantes  par  le  bout  avec  une  corde  qu’ils  jetoient  à  un  éléphant,  
 lequel  le  l’étant  portée  à  la  bouche  &   en  ayant  fut  deux  tours  à  là  
 trompe,  les  traînoit  lui  fèu l,  làns  aucun  conducteur,  au  lieu  o ù 'l ’on  
 conltruifoit  le navire,  qu’on  n’avoit  fait  que  de  lui  montrer une  fois;  
 &  quelquefois  il en traînoit de fi  grolïè s,  que  vingt hommes  & polîible  
 encore  davantage  ne  les  eulîènt  pû  remuer.  Mais  ce  que  je  remarquai  
 de  plus  étonnant  fut  que  lorlqu’il  rencontroit  en  fon  chemin  d’autres  
 poutres  qui  l’empêchoient  de  tirer  la  flenne,  en  y  métrant  le  pied  
 de lfou s,  il  en  enlevoit  le  bout  en  haut,  afin  qu’elle  pût  aifément  
 courir  par-deflus  les  autres.  Que  pourrait  faire  davantage  le  plus  rai-  
 fonnable  homme  du  monde !  Voyage  d’Orient  du  P .  Philippe  de  la.  
 très-fainte  Trinité.  Lyon,  1 6 6y , page y 6y . 
 b Celui  qui  conduit  l ’éléphant  fe met  à  cheval  fur  le  c o u ,  il  ne  le  
 conduit  pas  avec  une  bride  ou  un  frein,  &   ne  le  pique  pas  avec  
 aucune  forte  de  p ic ,  mais  avec  une  groife  verge  de  fer  fort  pointue 
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