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 précifes,  des comparaifons exactes  & des raifons  fondées 
 &  environ  trois  brades  de  lo n g ,  il  eft  d’une  couleur  grilatre,  ayant  
 la  tête  fort  longue  &  le  front  trè s-la rge;  des  deux  côtes,  précile-  
 ment  au  deflôus  des  y e u x ,  il  a  des  cornes  qu’ il  peut  mouvoir  &   
 croifer  comme  il veut.  Il  a  la  faculté  de  s’étendre  confidérablement  
 en  marchant,  &   de  fe  rétrécir  en  un  petit  volume  ;  lès  pattes  ref-  
 femblent  à  celles  d’un  ours  par  leur  groflèur.  Ifbrand-Ides  eft  affez  
 fmcère  pour  avouer,  que  de  tous  ceux  qu’il  a  queftionnés  lur  cet  
 animal  il  n’a  trouvé perfonne  qui  lui  ait'dit  avoir  vû  un  mamntout 
 vivant.....  Les  têtes  &   les  .autres  o s ,  qui  s’accordent  avec  ceux  des 
 éléphans,  ont  été  autrefois  (ans  contredit  des parties  réelles  de  l’éléphant. 
   Nous me  devons  pas  refufer  toute  croyance  à  cette  quantité  
 d’os  d’éléphant,  &   je  préfume  que  les  éléphans  pour  éviter  leur  
 deftrudion  dans  les  grandes  révolutions  de  la terre,  fe  font  échappés  
 de  leur  endroit  natal,  &  fe  font  difperfés  de toutes  parts,  tant  qu’ils  
 ont  pû ;  leur  fort  a  été  différent,  les  uns  ont  été  bien  lo in ,  les  autres  
 ont  pû  même  après  leur  mort  avoir  été  tranlportés  fort  loin  par  
 quelque  inondation  :  ceux  au  contraire  qui  étant  encore  en  v ie ,  fe  
 font  trop  écartés  vers  le  nord  ,  doivent  néceffairement  y  avoir  payé  
 le  tribut  de  leur  dé'icateffe ;  d’autres  encore  fans  avoir  été  fi  lo in ,  
 ont  pu  fe  noyer  dans  une  inondation  ou  périr  de  laffitude..,,...,  
 La  otofleur  de  ces  os  ne  doit  pas  nous  arrêter  les  dents  faillantes  
 ont  jufqu’à quatre arfchines  de  long & fixpouces de  diamètre,  ( M.  de  
 Srahlénberg  dit,  jufqu a  neuf )  ,  &  les  plus  fortes  pèfent  jufqu’à  fix  
 à  fept  puds.  J ’ai  fait  voir  dans  fin  autre  endroit ,  qu’il  y   a  des  
 dents  fraîches  prifes  de  l'éléphant,  qui  ont  jufqu’à  dix  pieds  de  
 lo n g ,  &   qui  pèfent  cent,  cent  quarante -  f i x ,  cent  foixante  &  cent  
 foixante-huit  livres™.  II y   a  des morceaux  d’ivoire folTile  qui ont une  
 apparence jaunâtre  ou  qui  jauniflent par la  fuite  des  temps,  & d autres  
 qui  font  bruns  comme  des  noix  de  cocos,  ou.  plus  clairs;  &   enfin,  
 d'autres  qui  font  d’ün  bleu  noirâtre.  Les  dents  qui  n’ont  pas  été  
 bien  gelées  dans  la  terre  &   ont  refté  pendant  quelque  temps  ex-  
 pofées  à  l’effet  de l'air,  font fît jettes  à devenir  plus ou moins  jaunes  ou 
 fur  les  grandes  connoiffances  qu’il  s’eft  acquifes  dans  
 la  fcience  de  l’Anatomie  comparée, 
 brunes,  &   elles  prennent  d’autres couleurs fùivanrl’efpèce  d ’humidité,  
 qUi  y   agit  en  fè  joignant  à  l’air  :  au ffi,  fuivant  c e   que  dit  M .  de  
 Strahlenberg,  on  trouve  quelquefois  des  morceaux  d’un  bleu-noir  
 dans  ces  dents  corrompues......  II  ferait  à  fouhaiter,  pour  le  bien  de 
 l ’Hiftoire  Naturelle,  qu’on  connût,  pour  les  autres  os  qu’on  trouve  
 en  Sibérie,  l’efpèce  d’animal  auquel  ils  appartiennent,  mais  il  n’y  a  
 guère  lieu de  l’efpérer.  Relation d’un  voyage  à  Kamtfchatka,  par M .  
 Gmelin, imprimé en  i  y  y y  a Péterjbourg,  en langue RuJJe.  L a   tradudion  
 de  cet  article  m’a  d’abord  été  commrauniquée  par  M .  de  l ’I fle ,  de  
 l ’Académie  des Sciences;  &  enfuite  , par  M. le Marquis de  Montmirail,  
 qui en a fait  là tradudion  fur l’original Allemand,  imprimé à Gottingue  
 en  1 7 5  2. 
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