ftruélure interne, ïfi fémur du fquelette d’éléphant rapporté fous fe
n.° d cd lx x x v ii. La différence de largeur, qui paroiflbitexceffive,
fembloit être fuffifànte pour attribuer cet os à un autre animal qui
devoit être plus gros que 1 éléphant; mais comme on n’en connoît
point de plus gros, il falfoit avoir recours au prétendu mammout :
cet animal fabuleux a été imaginé dans les pays du Nord, où
l’on trouve très-fréquemment des os, des dents & des défenfes
d éléphant. Il y a peu de gens qui aient vû des éléphans de la haute
taille, & il ne fuffît pas toujours d’en avoir vû pour prendre une
idée jufte de la grandeur énorme de leurs défenlès, de leurs dents
& de leurs autres parties; la maflè entière de l’animal les fait
paraître moins grandes quelles ne le paroîtroient fi elles étoient
féparées du refte du corps : ainfi lorfqu’on vient à les trouver
épar (es dans des pays où il n’y a point d’éléphans, Qn efl furpris
de voir de fi grands oflèmens. Au défaut des lumières de l'anatomie
comparée, qui indiqueroit leurs caractères diftinéiifs & qui
defigneroit l’animal auquel ils appartiennent, on fe livre au feu
de 1 imagination; la grandeur de ces os devient prodigieulë &
femble furpaflèr celle de tous les animaux connus. On efl: tombé
dans cette erreur au fujet de la défenfe d’éléphant rapportée fous
le n.° d c d x c v i , comme pour le fémur dont il s’agit ici. Eii
comparant cet os & le fémur de Sibérie avec des fémurs d’hommes
adultes , j’ai reconnu que la différence de largeur n’eft pas plus
grande entre ces os déléphans qu’entre les os d’hommes. On
pourroit auffi trouver la caufè de cette différence de largeur dans
la différence du fexe, fi le fémur de Sibérie, qui efl le moins
large, venoit d’un éléphant femelle, & fi le fémur dont il efl ici
queftion & qui efl le plus large, venoit, comme il y a tout lieu
de le croire, d’un éléphant mâle *. Ce fémur pèfé cinquante-neuf
* Voyez les Mémoires de l’Académie royale des Sciences, année 1762»
livres; on nous a dit qu’il avoit été trouvé au Canada en 1 7 3 9 .
Voici ce que nous lavons du fait par une note qui nous a été donnée
par M. Fabry. « M . le Baron de Longueuil fortit de Canada avec
un gros parti de François & de Sauvages pour venir joindre M . de
Bienville fur le Mifliffipi, dans un lieu indiqué pour s’aflëmbler
& marcher contre les Sauvages Chikachas. M. de Longueuil, au
lieu de prendre la route ordinaire du détroit, fit un partage de
cinq lieues au fortir du lac É r ié , & defcendit avec fes canots la
rivière Oïo jufqu a fon embouchûre dans le Mifliffipi, à trente-
cinq lieues au deffous des Illinois. Lorfqu’il étoit à peu - près à
moitié chemin dans la rivière O ïo , quelques Sauvages qui chaf
foient autour du camp, trouvèrent les oflèmens de trois gros
animaux fur le bord d’un marais. Us rapportèrent au camp un
os de la cuiflè & des défenfes que l’on crut être d’éléphant, &
que M. de Longueil apporta en France en 1 7 4 0 . M. de Lignery,
Lieutenant en Canada, qui étoit avec M. de Longueuil, a fait
un Journal de cette campagne, dans lequel il a détaillé la découverte
des oflèmens en queftion. » Nous n’avons pas vû ce détail,
8c la note que je viens de rapporter nous laiflè quelque doute,
car il paroît que ces oflèmens étoient gifâns fur la furface de la
terre, 8c non pas enterrés, ce qui doit faire foupçonner qu’ils
pourraient bien y avoir été apportés d’ailleurs : mais nous avons
une de ces défenfes avec le fémur dont il s’agit ici. La defoription
de cette défenfè efl fous le n.? d c d x c v i i i ; fà nature n’eft
pas équivoque, on rççonnoît très-diftinélement dans fà fubftance
les couches coniques & concentriques des défenfes de l’éléphant,
& la ftruétüre 8c la grain de l’ivoire. La préfénee de cette défenfè
;près du fémur ferait déjà préfumer qu’il vient d’un éléphant
comme la défenfè, mais la reflèmblance qu’a cet os avec le fémur
du fquflette d'éléphant, fait une preuve. M. du Hamel, de