donne chaque jour qu’une heure de repos & une pe-
lotte de pâte ; fouvent ils courent ainfi neuf ou dix
jours fans trouver de l’eau, ils fe paiïent de boire * ,&
lorfque par halard il fe trouve une mare à quelque distance
de leur route, ils Tentent l’eau de plqs d’une
demi-lieüeb, la foif qui les prelfe leur fait doubler le
pas, & ils boivent en une feule fois pour tout le temps
palfé & pour autant de temps à venir; car fouvent leurs
“ L e chameau peut fe paflèr de boire pendant quatre ou cinq jours,
une petite portion de fèves & d’o rg e , ou bien quelques morceaux
de pâte faite de la fleur de ferme, lui fùffilènt par jour pour (à
nourriture c’eft ce que j’ai fbuvenr expérimenté dans mon voyage
du mont Sinaï : quoique chacun de nos chameaux portât fept quintaux
au moins , & que nous. fifflons des traites de dix & quelquefois, de
quinze heures par. jour, à raifbn de deux milles & demi par heure.
Voyage de Shaw, tome V , page 3 1 1 . — Adeo fitim cameli tolérant,
ut potu abfque incommoda diebus quindecim abjfinere pojjïnt. Nociturus
alioqum f i camelarius triduo abfoluto aquam illis porrigat, qubd fingulis
quinis aut novenis diebus confueto more potentur vel urgente necejftate
quindenis. Leon. Afric. defcrip, Africoe, vol, I I , pag. yg-p. — Il y a
de quoi admirer la patience avec laquelle les chameaux fouffrent fa
fo i f ; & la dernière fois que je paflâi les délèrts, d’où la Caravane ne
peut fortir en moins de fbixahte - cinq jours, nos chameaux furent
une fois neu f jours fens boire, parce que pendant n eu f jours de
marche nous ne trouvâmes point d’eau en aucun lieu. Voyage de
Tavernier, tome I , page 1 6 2 .
b Nous arrivâmes à un pays de colines, au pied defquelles fe
trouvoient de grandes mares ; nos chameaux qui ayoient pafle neuf
jours fens boire, fentirent l ’eau d’une demi-lieue loin, ils fè mirent
à aller leur grand tro t, qui efl leur manière de courir, & entrant
en foule dans ces mares, ils en rendirent d’abord l’eau trouble Se.
bourbeufè, &c. Voyage de T avem ier, tome / , page 2 0 2 ,
voyages
voyages font de plufieurs femaines, & leurs temps d’abf-
tinence durent auffi long-temps que leurs voyages.
En Turquie, enPerfe, en Arabie, en Egypte, en
Barbarie, &c. le tranfport des marchandifes ne fe
lait que par le moyen des chameaux a ; c ’eft de toutes
les voitures la plus prompte & la moins chère. Les
marchands & autres paflàgers fe réuniffent en caravane
pour éviter les infultes & les pirateries des Arabes;
ces caravanes font fouvent très-nombreufes & toujours
compofées de plus de chameaux que d’hommes ; chacun
de ces chameaux efl chargé félon fà force; il la font fi
bien lui- même, que quand on lui donne une charge
trop forte il la refufe b & refie conflamment couché
* C ’eft une grande commodité que les chameaux pour la charge
du bagage & des marchandifes qu’on tranlporte, par leur moyen, à
très-peu de frais___Les chameaux ont leurs pas réglés, ainfi que
leurs journées___ Leur nourriture n’eft point difficile, ils vivent de
chardons, d’orties, &c.......... fouffrent la foif deux ou trois jours
entiers. Voyage d’Olearius, tome I , page y y 2.
b Quand on les veut charger, au cri de leur conducteur, ils flé-
chiflent les genoux ; que s’ils tardent ' à le feire, ou bien on leur
frappe avec un bâton, ou bien on leur abaiflë le cou; & alors
comme contraints & gémiffens à leur façon, ils fléchifîènt les genoux,
mettent le ventre contre terre & demeurent en cette pofture jufqu’à
ce qu’ayant été chargé?, on leur commande de le relever ; d’où vient
qu’ils ont au ventre, aux jambes & aux genoux de gros durillons du
côté qu’ils en touchent la terre ; s’ils fè fèntent mettre de trop pefens
fardeaux, ils donnent des coups de tête fort fréquens à ceux qui les
lùrchargent, & jettent des cris lamentables ; leur charge ordinaire
efl: le double de ce que pourroit porter le plus fort mulet. Voyage
du P . Philippe, page y 6y .
Tome X L F f