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 ils en tirent cependant Futilité qu’on  tire  de tous  les militaires  
 ,  qui  eft d’aflervir  leurs  femblabies,  ils  s’en  fervent  
 pour  dompter  les  éléphans  fauvages.  L e   plus  puifiànt  
 des Monarques de l’Inde,  n’a pas aujourd’hui  deux  cents  
 éléphans  de guerre a,  ils  en  ont  beaucoup  d’autres pour  
 le  fervice  &  pour  porter  les  grandes  cages  de  treillage,  
 dans  iefquelles  ils  font  voyager  leurs  femmes;  c’ eft  une  
 monture  très - lure,  car  1 éléphant  ne  bronche  jamais,  
 mais  elle  n’eft  pas  douce,  &   il  faut  du  temps  pour  
 s’accoûtumcr  au mouvement brufque  &  au  balancement  
 continuel  de fon  pas;  la  meilleure  place  eft  fur  le  cou,  
 les  fecouflës y  font moins  dures  que  fur  les  épaules,  le  
 dos  ou  la  croupe;  mais  dès  qu’il  s’agit  de  quelque  expédition  
 de  chafle  ou  de  guerre,  chaque  éléphant  eft  
 toujours'  monté  de  plulieurs  hommes  F  L e   conducteur  
 fe  met  à  califourchon  fur  le  cou,  les  chafleurs  ou  les 
 * Il  y  a  peu  de  gens  aux  Indes  qui  aient  des  éléphans ;  les  grands  
 Seigneurs  même  n’en  ont  pas  un  grand  nombre,  &   le  Grand-Mogol  
 n ’en  entretient  pas  plus de  cinq  cents  pour  fâ maifon,  tant  pour  porter  
 fes  femmes  dans  leurs micdembers  à  treillis,  qui  font  des  manières  de  
 cages,  que  pour  les, b agages,.&  l’on  m’a  affuré  qu’il  n’en  a  pas  plus  
 de  deux  cents  pour  la  guerre,  dont  on  emploie  une  partie  à  portèr  
 les  petites  pièces  d’artillerie  fur  leurs  affûts.  Relation  d’un  voyage, par  
 Thevenot,  tome I I I ,  page  i y 2 . 
 bP e   tous  les  animaux  ce  font  ceux  qui  rendent plus de  fervice  à  la  
 guerre,  car  on place  fort  commodément  fur  eux  quatre  hommes ,  qui  
 peuvent  aifément fe lèrvir  de  m o u fq u e td e   l’are &   deda lance.  Recueil  
 des  voyages  de  la  Compagnie  des Indes  de  Hollande,  Second voyage  de  
 Van-der-Hagen,  tome  I I ,  page  y y . 
 combattans 
 d e   l ’ É l é p h a n t   3 3 
 combattans  font  aflis  ou  debout  fur  les  autres  parties  
 du  corps. 
 Dans  les  pays  heureux  où  notre  canon  &  nos  arts  
 meurtriers  ne font qu’imparfaitement connus,  on combat  
 encore  avec  des  éléphans  a ;  à  Cochin  8c  dans  le refte  
 du Malabar  b  on  ne  fe  fert  point  de  chevaux,  &  tous  
 ceux  qui  ne  combattent pas  à pied"  font  montés  fur  des  
 éléphans.  Il  en  eft  à  peu-près  de même  au Tonquin  c ,  
 à Siamd,  à  Pégu  où  le  Roi & tous  les grands  Seigneurs 
 ”   “ Lorfque  lés  éléphans  font  menés  à  la  guerre,  ils  fervent  à  deux  
 diverfès  fondions,  car  on  les  charge  ou  d’une  petite  tour  de  bois,  
 du  fommet  de  laquelle  quelques  foldats  combattent,  ou  l’on  attache  
 des  épées  à  leur  trompe  avec  des  chaînes  de  fe r,  &   on  les  lâche  
 ainfî  contre  l’armée  ennemie,  qu’ils  tdîâillent  généreufement  &   qu’ils  
 mettfoient indubitablement  en pièces,  fi  on ne les  repouffoit  avec  des  
 lances  qui jettent le  feu;  parce  que  comme  l’on  fait  que  les  éléphans  
 font  épouvantés par  le  feu ,  l’on  en  apprête  d’artificiel  au  bout  des  
 lances  pour  les mettre  en  fuite.  Voyage  d’Orient, par le  P .  Philippe,  
 page  y g 7 . 
 b On  ne  fe  fert  point  à  Cochin,  non  plus  que  dans  le  refte  du  
 Malabar,  de  cavalerie  pour  la  guerre ;  ceux  qui  doivent  combattre  
 autrement qu’à pied font montés  fur  des  éléphans,  dont il y  a  quantité  
 dans  les montagnes ,  &  ces  éléphans de montagne  font  les, plus  grands  
 des Indes.  Relation d’un voyage,  par Thevenot,  tome  I I I , page  2 6 1 . 
 cDans  le  royaume  de  Tonquin  les  Dames  de  condition  montent  
 ordinairement  fur des  éléphans,  qui  font  extrêmement  hauts  &  gros,  
 &   qui  portent,  fans  aucun  danger,,  une  tour  avec  fix  hommes  
 dedans,  &   un  autre  homme  fur  leur  c o u ,  qui  les  conduit.  I l  Genio  
 vagante delconte Aurelio degli myi.InParma,  1  dp 1 ,  tom. I,p a g . 2 S 2 . 
 d Voyez  le  Journal  du  voyage  de  l’abbé  de  Choify.  Amjl.  1  6 S y ,  
 page  2 4 2 . 
 Tome  X I, E