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 L ’ivoire  eft donc  compofé  de  couches  coniques,  concentriques  
 8c additionnelles;  la  cavité qui  fe  trouve dans  la  partie  poftérieure  
 de  toutes  les  défenlês,  eft  formée  par  les  parois  internes  de  leur  
 première  couche intérieure. M. Perrault  rapporte que  l’on a trouvé  
 dans l'éléphant de  la Ménagerie de  Verfailies,  cette  cavité  remplie  
 d’une  efpèce  de  chair  attachée  au  fond  de  l’alvéole,  qui  n’eft  
 qu’une  lame  ofleufe  mince  comme  du  papier,  &   percée  de  
 plufieurs  trous.  « Cette  chair,  ajoute  M.  Perrault,  étoit  endurcie  
 »  en  la  furface  par  le  moyen  de  laquelle  elle  étoit  attachée  le  long  
 »  de  la cavité  qui  eft  dans  la  défenlê,  de  manière quelle  paroiffôit  
 »  avoir  quelcjue  dilpofition  à  devenir  ofleufe.  Cette  remarque  
 »  pourrait  donner  quelque  vrai-lêmblance  à  l’opinion  de  ceux  qui  
 ”   tiennent que les défenlês tombent &  renaiflènt à l’éléphant, comme  
 »  le  bois  aux  cerfs;  cet  endurciflèment  pouvant  être  confidéré  
 »  comme  le  commencement  de  la  génération  des  défenfes  qui  
 doivent  renaître  a. »  Il  me  lêmble  que  fl  la-chair  de  la  defênlê  
 devoit  former  une  nouvelle  défenlê,  elle  ne  s’attacherait pas  à  la  
 défenlê  qui  devrait s’en féparer  dans  la fuite,  n’y ayant pas lieu de  
 croire  que  les  défenfes  de  l’éléphant  tombent  comme  le  bois  du  
 cerf,  il me paraît plus  vrai-lêmblable que  la chair des défenlês leur  
 fourniflê  de  nouvelles  couches  qui  s’oflifient  fucceflivement  &   
 s’attachent  à  la défenlê  à  mefure  qu’ellé prend  de l’accroiflêment,  
 car  le germe d’une défenlê//)/. V I , f g .   i )   eft creux  prefque  jufqu’à  
 là  pointe  (A ,  la profondeur  de  la  cavité' eft vtarquée par  la  ligne  
 vonâuée  B  C  D );8 c \e s  couches concentriques  additionnelles des  
 défenfes  font  très-diftincles  dans  certains  ivoires  foflîles  *>. 
 *  Mémoires  pour  fervir  à  I’Hiftoiré Naturelle  des Animaux,  partie  I I I ,  
 page  1 49 • 
 b Voyez  ci-après  la  Defcription  de  ta  partie  du  Cabinet 3  qui  a  rapport  
 §-■  l’éléphant. 
 Je   ne  vois  pas  comment  on  pourrait  trouver  la  caufe  de  la  
 dh-ecftion  des  fibres-courbes,  qui  fe  croifent  régulièrement  en  
 fens  contraires,  8c  qui  forment  des  lofanges  fur  le  plan  de  la  
 coupe  tranfverfale  de  la  défenfe,  &   des  ondes  fur  la coupe  longitudinale; 
   il  paraît  que  cette  ftruélure  a  beaucoup  de rapport  à  
 celle  du  tiflu  réticulaire  des  os:  ce  tiflû  eft  rempli  de  fubftance  
 d’ivoire  dans  les défenfes,  au  lieu  de  moelle  comme dans  les  os.  
 Le grain  de  l’ivoire  eft  moins apparent  fur  la coupe  longitudinale  
 de  la  défenfe  que  fur  la  coupe  tranfverfale,  parce que  les  fibres  
 ne  s’y   croilênt  que  dans quelques  endroits,  &  ne lé croifent  point  
 du  tout dans  d’autres;  aufîi  les  Peintres  préfèrent  la  coupe  longitudinale  
 lorfqu’ils  veulent  peindre  fur  l’ivoire.  Les  ouvriers  n’en  
 font  pas  toûjours  autant  de  cas  pour  le débit,  parce  que  moins  
 il  y   a  de  grain,  plus  on  eft tenté de prendre  l’ivoire pour  de l’os, 
 : quand  on  ne  lait  pas  aflèz  le  reconnoître  à  Ion  poli  &   aux  
 apparences  les  plus  légères de  fa  ftruélure.  La  fubftance  folide  8c  
 compacte  des os  eft plus  dure  que l’ivoire même dans fon  écorce ;  
 cependant  l’os  ne  prend  p s   tant  de  poli,  parce  qu’il  eft  plus  
 fèc  &   plus  aigre. 
 La  plufpart  des  taches  de  l’ivoire,  auxquelles  les  ouvriers  
 * donnent le nom  de  fèves,  font caufées  par un  vice de  la  ftruélure  
 ou  de  la  nature  de  l’ivoire,  tel  que  la  carie  ou  autre maladie:  
 ces  taches  font  de  differentes  grandeurs  &   pénètrent  plus  ou  
 moins  profondément  dans l’ivoire.  Il y  en a qui  font  formées  p r   
 des globules  à  demi-tranfparens  &   de  couleur  jaune,  à  peu  près  
 comme  fi  ces  endroits  avoient  éprouvé  i’aélion  de l’eau-forte;  
 d’autres  endroits  viciés ont  à p u  près la même couleur  que fe refte  
 du  morceau  dont  ils  font  p r tie ,  mais  on  y   voit  une  ftruélure  
 très - irrégulière ;  ils  ont  des  cavités  dont  les  parois  font  hériflees  
 de  tubercules  &   de  pûtes  pointes ;  ces  parties  défeélueufes  le