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 d’intelligence  &  de  docilité a ,  plus  de  qualités  relatives  
 &   fenties  dont  on  peut  tirer parti  :  auffi  font-ils  traités  
 dans  leur pays  avec  plus  de  foin'que  nous n’en  donnons  
 à  nos  plus  beaux  chevaux.  L a   confidération  que  les  
 Indiens  ont pour  ces  animaux,  eft  fi  grande b,  qu’elle  a  
 dégénéré  en  fuperftition,  dernier  terme  de  l’aveugle  
 refpeét.  Le boeuf,  comme  l’animal  le  plus  utile,  leur  a  
 paru  le  plus  digne  d’être  révéré;  de  l’objet  de  leur  
 vénération,  ils  ont  fait une  idole,  une  efpèce  de  divinité  
 bienfaifànte  &  puiflànte;  car  on  veut  que  tout  ce  qu’on  
 rèfpeéte  foit grand,  &   puiffe  faire  beaucoup  de mal  ou  
 de  bien. 
 Ces  boeufs  à boflë  varient  peut-être  encore  plus que  
 les  nôtres  pour  les  couleurs  du  poil  &   la  figure  des  
 cornes ;  les  plus  beaux  font  tout  blancs,  comme  les 
 " A u  pays  de Camandu  en  Perle,  il y  a  de grands  boeufs,  qui font  
 totalement blancs,  ayant  en  la  tête  petites  cornes,  qui  ne  font  point  
 aigues,  &  fur  le  dos  ont  une  bofîè  comme  les  chameaux,  au moyen  
 de  quoi  font  fi  forts  que  commodément  ôn  leur  peut  faire  porter  
 de  gros  &  pefàns  fardeaux ,  &   quand  on  leur met  le  bâts  &  la  charge  
 fur  le  dos,  ils  fléchiffent  &   courbent les genoux  comme  le chameau,  
 &   après  étant  chargés  fe  relèvent,  & en cette manière  font  appris  par  
 les  hommes  du  pays.  Defcription  de  l ’Inde,  par M are-Paul,  liv.  I ,  
 ch. x x l l .  — Les  laboureurs  en  Europe  piquent  leurs boeufs  avec  un  
 aiguillon  pour  les  faire avancer;  ceux  de Bengale  ne  font fimplemept  
 que  leur Tordre  la  queue;  ces  animaux  font  trè s-d oc ile s r.ils   font  
 inflruits  à  fe  coucher  &   à  fè  relever  pour  prendre  &   dépofer  leur  
 charge.  Lett.  Édif.  IX .'  recueil, page  4 2 .2 . 
 h Près de  la  Reine  ne  font  que  de grandes Dames,  &   l’on  lui pare  
 les  pavés  ou planches,  &  les parois &   chemins par  où  elle doit pafîèr, 
 boeufs  de  Lombardie a ;  il  y  en  a  qui  font  dépourvus  
 de  cornes ;  il  y  en a  qui  les ont  fort relevées,  &  d’autres  
 fi  rabaiffées  qu’elles  font  prefque  pendantes;  il  paroît  
 même  qu’on  doit divifer  cette  race  première  de  bifbns  
 ou  boeufs  à  boffe  en  deux  races  fecondaires,  l’une  très-  
 grande  &  l’autre  très-petite,  &  cette  dernière  eft  celle  
 du  zébu  :  toutes  deux  fe  trouvent  à  peu  près  dans  les  
 mêmes  climatsb, &  toutes  deux  font  également douces 
 avec  cette  fiente  de  vache,  que f a i   déjà  dit;  fur  quoi  je  ne  veux  
 oublier  de  dire  en  paffant &   par  occafîon  le  grand  honneur  que ces  
 peuples  rendent  à  ces  vaches,  pour  vilaines  crafîèufès  &   toutes  
 couvertes  de  boues  qu’elles  foient  ;  car  on  les  Iaifîè  entrer  dans  
 le Palais  du  R o f   &  par - tout  où  leur  chemin  s’adonne,  fans  qu’on  
 leur  refufe jamais le paffage ;  ainfi le  R o i même , &  tous les plus grands  
 Seigneurs  leur  font  place  avec autant  d ’honneur,  de  révérence  &  de  
 refpeél  qu’il  eft  poffible,  &   en  font  autant  aux  taureaux  &   boeufs.  
 Voyage de François  Pyrard,  tome  I ,   page 44.y . 
 a  Tout  le bétail d’Italie eft gris ou blanc.  Voyage  de Burnet.  Rotterd.  
 1 6 8 7 ,   partie  I I , page  1 2 .  —  Tous  les boeufs des  Indes,  &  for-tout  
 ceux  de  Guzarate  &  de  Cambaye  font  généralement  blancs  comme  
 ceux  de  Milan.  Voyagé  de  Grojfe, p a g e2 y y . 
 '  b  Les boeufs  des  Indes  font  de  diveffès  tailles ,  i f  y   en  a  de  grands  
 de  petits  &  de moyens  :  mais  tous  pour  l ’ordinaire  font  d ’un  grand  
 travail,  &   il  y   en  a  qui  font  julqu’à  quinze  lieues  par'jour;  il  y  jj-jj,  
 a  d’une  efpècc  qui  ont  près  de  fix*pieds  de  haut,  mais  ils  font  
 rares,  &   l’on  en  a  d’une  contraire  efpèce  qu’on  appelle  nain},  parce  
 qu’ils  n’ont  pas  trois  pieds  de  haut,  c e u x -c i.  ont  comme  les  autres  
 une  boffe  fur  le  dos ;  ils  courent  fort  v ite ,  &  ils  fervent  à  traîner  
 des  petites  charrettes  ;  il  y   a  des  boeufs  blancs  qui Vont  extrêmement  
 chers,  &   j ’en ai  vû  deux  à-des Hollandois qui  leur  Coutoient  chacun  
 deux  cents  écus  :  véritablement  ils  étoient beaux,  bons  &   forts,  &