3 i 6 H i s t o i r e N a t u r e l l e
d’intelligence & de docilité a , plus de qualités relatives
& fenties dont on peut tirer parti : auffi font-ils traités
dans leur pays avec plus de foin'que nous n’en donnons
à nos plus beaux chevaux. L a confidération que les
Indiens ont pour ces animaux, eft fi grande b, qu’elle a
dégénéré en fuperftition, dernier terme de l’aveugle
refpeét. Le boeuf, comme l’animal le plus utile, leur a
paru le plus digne d’être révéré; de l’objet de leur
vénération, ils ont fait une idole, une efpèce de divinité
bienfaifànte & puiflànte; car on veut que tout ce qu’on
rèfpeéte foit grand, & puiffe faire beaucoup de mal ou
de bien.
Ces boeufs à boflë varient peut-être encore plus que
les nôtres pour les couleurs du poil & la figure des
cornes ; les plus beaux font tout blancs, comme les
" A u pays de Camandu en Perle, il y a de grands boeufs, qui font
totalement blancs, ayant en la tête petites cornes, qui ne font point
aigues, & fur le dos ont une bofîè comme les chameaux, au moyen
de quoi font fi forts que commodément ôn leur peut faire porter
de gros & pefàns fardeaux , & quand on leur met le bâts & la charge
fur le dos, ils fléchiffent & courbent les genoux comme le chameau,
& après étant chargés fe relèvent, & en cette manière font appris par
les hommes du pays. Defcription de l ’Inde, par M are-Paul, liv. I ,
ch. x x l l . — Les laboureurs en Europe piquent leurs boeufs avec un
aiguillon pour les faire avancer; ceux de Bengale ne font fimplemept
que leur Tordre la queue; ces animaux font trè s-d oc ile s r.ils font
inflruits à fe coucher & à fè relever pour prendre & dépofer leur
charge. Lett. Édif. IX .' recueil, page 4 2 .2 .
h Près de la Reine ne font que de grandes Dames, & l’on lui pare
les pavés ou planches, & les parois & chemins par où elle doit pafîèr,
boeufs de Lombardie a ; il y en a qui font dépourvus
de cornes ; il y en a qui les ont fort relevées, & d’autres
fi rabaiffées qu’elles font prefque pendantes; il paroît
même qu’on doit divifer cette race première de bifbns
ou boeufs à boffe en deux races fecondaires, l’une très-
grande & l’autre très-petite, & cette dernière eft celle
du zébu : toutes deux fe trouvent à peu près dans les
mêmes climatsb, & toutes deux font également douces
avec cette fiente de vache, que f a i déjà dit; fur quoi je ne veux
oublier de dire en paffant & par occafîon le grand honneur que ces
peuples rendent à ces vaches, pour vilaines crafîèufès & toutes
couvertes de boues qu’elles foient ; car on les Iaifîè entrer dans
le Palais du R o f & par - tout où leur chemin s’adonne, fans qu’on
leur refufe jamais le paffage ; ainfi le R o i même , & tous les plus grands
Seigneurs leur font place avec autant d ’honneur, de révérence & de
refpeél qu’il eft poffible, & en font autant aux taureaux & boeufs.
Voyage de François Pyrard, tome I , page 44.y .
a Tout le bétail d’Italie eft gris ou blanc. Voyage de Burnet. Rotterd.
1 6 8 7 , partie I I , page 1 2 . — Tous les boeufs des Indes, & for-tout
ceux de Guzarate & de Cambaye font généralement blancs comme
ceux de Milan. Voyagé de Grojfe, p a g e2 y y .
' b Les boeufs des Indes font de diveffès tailles , i f y en a de grands
de petits & de moyens : mais tous pour l ’ordinaire font d ’un grand
travail, & il y en a qui font julqu’à quinze lieues par'jour; il y jj-jj,
a d’une efpècc qui ont près de fix*pieds de haut, mais ils font
rares, & l’on en a d’une contraire efpèce qu’on appelle nain}, parce
qu’ils n’ont pas trois pieds de haut, c e u x -c i. ont comme les autres
une boffe fur le dos ; ils courent fort v ite , & ils fervent à traîner
des petites charrettes ; il y a des boeufs blancs qui Vont extrêmement
chers, & j ’en ai vû deux à-des Hollandois qui leur Coutoient chacun
deux cents écus : véritablement ils étoient beaux, bons & forts, &