à Pégu a & dans toutes les autres parties de l'Inde; il y
en a miffi, & peut-être en plus grand nombre, dans toutes
les provinces de l’Afrique méridionale, à l’exception
de certains cantons qu’ils ont abandonnés, parce que
l ’homme s’en efl abfoiument emparé. Iis font fidèles à
leur patrie & conffans pour leur climat ; car quoiqu’ils
puiffent vivre dans les régions tempérées, il ne paraît
pas qu’ils aient jamais tenté de s’y établir ni même d’y
voyager , ils étoient jadis inconnus dans nos climats. II
ne paraît pas qu’Homère qui parle de l’ivoireb, connut
l’animal qui le porte. Alexandre eff le premier c , qui
ait montré l’éléphant à l’Europe ; il fit paffer en Grèce
ceux qu’il avoit conquis fur Porus , & ce furent peut-
être les mêmes que Pyrrhus d, plufieurs années après,
employa contre les Romains dans la guerre de Tarente,
& avec (efquels Curius vint triompher à Rome. Annibal
enfuite en amena d’Afrique , I leur fit paffer la Médh
terranée, les Alpes , & les conduifit, pour ainfi dire,
jufqu’aux portes de Rome.
D e temps immémorial les Indiens e fe font fervis
’ Recueil des voyages de la Compagnie des Indes. Amßerd. i y i i .
Voyage de Valider Hagen, tome I I I , page 40 jufqu'à 60.
1 Hérodote elt le plus ancien Auteur qui ait dit que l’ivoire étoit la
matière des dents de l'éléphant. Vide Plin. Hiß. pat. lib. V I11, cap. j>,
c Elephantes ex Europceis primas Alexander habuït, cùm fubegißet
Potum. Paufmias, in Attids.
d Alanius Curius Dentatus, viffo Pyrrho, primum in triumpho elephantum
duxit. Seneca, de brevitate vitæ, cap. 1 3 .
e D e temps immémorial les Rois de Ceylan, de P é g u , d’Aracan
d’éléphans à la guerre : chez ces nations mal difciplinées,
c ’étoit la meilleure troupe de l’armée, & tant que l’on n’a
combattu qu’avec le fer, celle quidécidoit ordinairement
du fort des batailles: cependant l’on voit par l’H ifloire,
que les Grecs & les Romains s’accoutumèrent bien-tôt à
ces monffres de guerre ; ils ouvraient leurs rangs pour
les laiffer paffer; ils ne cherchoient point à les bleffer,
mais lançoient tous leurs traits contre les conduéteurs
qui fepreffoient de fe rendre, & de calmer les éléphans
dès qu’ils étoient féparés du refie de leurs troupes; &
maintenant que le feu efl devenu l’élément de fa guerre
& le principal infiniment de la mort, les éléphans qui en
craignent * St le bruit & la flamme, feraient plus embar-
raffans, plus dangereux qu’utiles dans nos combats. Les
Rois des Indes font encore armer des éléphans en guerre,
mais c’efl pluflôt pour larepréfentation , que pour l’effet : 1
le font fervis d’éléphans à la guerre. On Iioit des fibres nuds à leur
trompe, & on leur mettoit fur le dos de petits châteaux de bois qui
tênoient cinq à fxx hommes 3rmés de javelines, de fulils & d’autres
armes; ils contribuoient beaucoup à mettre en defordre les armées
ennemies, triais ils s’effrayoient aifément en voyant du feu. Recueil des
voyages de la Compagnie: des Indes. Amjl. i y i i , tome V II. Voyage
de Schonten, page y 2 .
* L ’éléphant craint liir-tout le fe u , d’où vient que depuis qu’on le
fort d’armes à feu dans les années, les éléphans n’y fervent prelque
plus de rien; véritablement il s’en trouve quelques-uns de li braves,
qu’on amène de fille de Ce ylan, qui ne font pas li peureux, mais,
encore n’ett-ce qu’après les avoir accoutumés en leur tirant tous les-
jours des moufquets & leur jetant des pétards de papier entre l e s .
jambes. Voyage de F r. Bernier. Amjl. i p s o , tome 11, page 6y .