4 o H i s t o i r e N a t u r e l l e
lui conviennent le mieux ; Sc en effet, il craint 1 excef-
f1Ve chaleur, il n’habite jamais dans les fables brulans>
& il ne fe trouve en grand nombre dans le pays des
Nègres, que le long des rivières & non dans les terres
élevées; au lieu qu’aux Indes, les plus puiffans, les plus
courageux de l’efpèce & dont les armes font les plus
fortes & les plus grandes, s’appellent Éléphans de montagne
& habitent en effet les hauteurs où l’air étant plus
tempéré, les eaux moins impures, les alimens plus fains,
leur nature arrive à ton plein développement & acquiert
toute fon étendue, toute fà perfection.
En général, les éléphans d’Afie l’emportent par la
taille, par la force, &c. fur ceux de l’Afrique, & en
particulier ceux de Ceylan, font encore fupérieurs à
tous ceux de l’A fie , non par la grandeur, mais par le
courage & par l’intelligence : probablement ils ne doivent
ces qualités qu’à leur éducation plus perfectionnée à
Ceylan qu’ailleurs ; mais tous les Voyageurs * ont
* Inès éléphans de Ceylan font préférés à tous les autres, parce
qu’ils font plus courageux.........Les Indiens difent que tous les autres
éléphans les refpeaent. Relation d’un voyage, par Thevenot, page 2 6 1 .
— Les éléphans de Ceylan font plus braves que les autres. Voyage de
Berner, tome I I , page 6y . — Les meilleurs .éléphans & les plus in-
telligens qui foient au monde, font dans I’ifle de Ceylan. Recueil des
voyages, tome I , page 4 1 3 ; tome I I , page 2 3 6'; tome IV , page 3 6 3.
_ I 1 y a quantité d ’éléphans à Ceylan, qui font & plus généreux &
plus nobles qu’aucuns d.es autres.. . . Tous les autres éléphans révèrent
' les éléphans d.e Ceylan, &c. Voyage d’Orient du P . Philippe,pages 1 3 9
■ ^ 3 6 7 , célébré
célébré les éléphans de cette Ifïe, où comme l’on fait lé
terrein eft grouppé par montagnes, qui vont en s’élevant
à mefure qu’on avance vers le. centre & où la chaleur,
quoique très-grande, n’eft pas auffi exceffive qu’au Sénégal
, en Guinée & dans toutes les autres parties occidentales
de l’Afrique. Les Anciens qui ne connoiffoient
de cette partie du monde, que les terres fituées entre le
anont Atlas & la Méditerranée , avoient remarqué que les
éléphans de la Libye étoient bien plus petits a que ceux
des Indes; il n’y en a plus aujourd’hui dans cette partie
de l’Afrique, & cela prouve encore, comme nous l’avons
dit à l’article du Lion b, que les hommes y font plus
nombreux de nos jours qu’ils ne l’étoient dans le fiëcle
de Carthage. Les éléphans fe font retirés à mefure que
les hommes les ont inquiétés; mais en voyageant fous le
ciel de l’Afrique, ils n’ont pas changé de nature; car
ceux du Sénégal, de la Guinée, &c. font, comme l’étoient
ceux de la Libye , beaucoup plus petits que ceux des
grandes Indes.
La force de ces animaux eft proportionnelle à leur
grandeur ; les éléphans des Indes portent aifément trois
ou quatre milliers', les plus petits, c ’efl - à ^ dire, ceux
d ’Afrique enlèvent librement un poids de- deux cents
1 Indicum ( elephantum), Afri pavent, nec contüeri audent; nam i f majoi
Indicés magnitudo ejl. Plin. Hift. nat. lih. V I I I , cap. y.
* V oye z le IX .' Volume de cette Hiftoire Naturelle, page 4 .
* Un éléphant peut porter quarante mans , à quatre-vingts livres le
man. Relation d’un, voyage, par Thevenot) page 2 6 1 :
Tome X I. F