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cette bête de Tomme. On ne ^e trompe guère fiir le
pays naturel des animaux en le jugeant par ces rapports
de conformité; leur vraie patrie eft la terre à laquelle
ils reffemblent, c ’eft-à-dire , à laquelle leur nature
paroît s’être entièrement conformée: fur-tout lorfque
cette même nature de l’animal ne le modifie point
ailleurs & ne fe prête pas à l’influence des autres climats.
On a inutilement efiayé de multiplier les chameaux en
E (pagne2, on les a vainement tranfportés en Amérique,
ils n’ont réuffi ni dans l’un ni dans l’autre climat, Sc
dans les grandes Indes on n’en trouve guère au delà
de Surate & d’ Ormus. Ce n’eft pas qu’ abfolument
parlant ils ne puiffent fubfifter & produire aux Indes, en
Efpagne, en Amérique & même dans des climats plus
froids, comme en France, en Allemagnep &c en les
tenant 1 hiver dans des écuries chaudes, en les nour-
rilïànt avec choix, les traitant avec foin, en ne les
fàilant pas travailler & ne les laifîant lortir que pour le
promener dans les beaux jours, on peut les faire vivre
& même efpérer de les voir produire ; mais leurs productions
font chétives & rares, eux-mêmes font foibles
On voit plufieurs chameaux en Efpagne que les Gouverneurs des
places frontières d’Afrique y envoient, mais ils n’y vivent pas long-
temps, parce que (e pays eft trop froid pour eux. L ’Afrique de Marmot,
tome I , page y o.
LM . le marquis de Montnu'rail nous a fait (avoir qu’on lui avoit
alluré que S. M. le roi de Pologne Electeur de Saxe avoit eu aux.
environs de D re fde, des chameaux & des dromadaires qui y ont
multiplié.
du Ch am ea u i f du D kom ad a ir e . 2 19
& languifïàns; ils perdent donc toute leur valeur dans
ces climats, & au lieu d’ être utiles, ris font très à
charge à ceux qui les élèvent ; tandis que dams leur
pays natal, ils font, pourainfi dire, toute la ri ch elfe de
leurs maîtres \ Les Arabes regardent le chameau comme
un préfent du Ciel, un animal fàcréb, fans le fecours
duquel ils ne pourroient ni fubfifter, ni commercer, ni
voyager. Le lait des. chameaux fait leur nourriture ordinaire
; ils en mangent auffi la chair , fur- tout celle des
jeunes qui eft très-bonne à leur goût; fe poil de ces
animaux, qui eft fin <& moelleux, & qui fe renouvelle
tous les ans par une mue complète c , leur fert à faire
’ E x camelis Arabes divitias ac pojfejfiones cefimant ; & f i quando de
divitiis Principes aut N obilis cujufdam ferma f i a t , pojfidere diunt tôt
camelorum ,rron aureorum, miltia. Leon. Afric. defc'ript. A friceê, vol. I l ,
pag. 748'.
h Camelos, quibus Arabia maximè' abundat, animalia fitn â a ii appellartt,
ex infigni commodo quod ex ipfis indigente accipiunt. Profp. Alpin.
Hifi. Ægypt. pars L” pag. 225.
'L e poil tombe tout à cet animal au printemps, & fi entièrement
qu’il paroît tel qu’un cochon échaudé, & alors on le poifle par-tout
pour le défendre de la piqûre des mouches. Le poil de chameau eft
la meilleure toilbn de tous les animaux domeltiques ; on en fait des
e'toffes fort fines, & nous en failbns des chapeaux en Europe, le mêlant
avec le caftoiv Voyage de Chardin, tome I I , page 2 8 . — Au printemps
tout, le poil tombe' aux- chameaux en moins de trois jours ; la peau
lui demeure toute nue, & alors les mouches l’importunent fort ; le
chamelier n’y trouve, point de remède qu’en lui goudronnant le corps.
Voyage de Tavernier, tome I , page 1 62,. — Prceter alia emolumenta qute
ex camelis capiuntvefies quoqutù1 tentoria ex iis habent ; ex- eorum enirn
E e ij