ait été méconnoiflâble aux yeux de plufieurs obfervateurs. Cette
partie de fa tête de i’éiéphant a .de chaque côté deux os pofés
l’un fur l’autre; l’inférieur eft évidemment une continuation du
corps de la mâchoire, on voit la jointure antérieure qui le
fépare de l’os fupérieur, & la jointure qui remonte entre ces
deux os, jufqu’à l’os frontal ; ces jointures paroilfant être les
limites antérieures de la mâchoire, on a peut-être cru que 1 os
fupérieur ne lui appartenoit pas & que cetoit le prolongement
d’un autre os ; mais fi l’on examine la partie antérieure de la
mâchoire de la plulpart des animaux ; du ch ien p a r exemple,
de la fouine, du cochon, & c. On verra qu’elle eft compofée
de deux os qui forment les parties inférieures & latérales des
bords de l’ouverture des narines & les alvéoles des dentsdneifives.
Ces os s’étendent en forme de coin entre le corps de la mâchoire
& les'os du nez *. C ’eft à ces deux os que correfpon-
dent les deux os fupérieurs ( S S , p i v ) de la partie antérieure
de la mâchoire de l’éléphant; ils forment auffi les pitiés inférieures
(O ) latérales (N N J de l’ouverture de fes narines,
& les alvéoles des défenfes qui font à la place des dents inficives
de la fouine, du chien, du cochon, &c. On ne voit pas fur
le fquelette de l'éléphant, qui fait le ftijet de cette defcription,
la jointure qui devrait feparer de l’os frontal les deux os dont il
s’auif; mais il y a bien d’autres jointures qui ne font pas apprentes
fur ce fquelette; d’ailleurs, comment pourrait-on fuppolèr que
les os fiffent partie de l’os frontal, puifqu’ils font au de flous de
l’ouverture des-narines; il faudroit donc fuppolèr auffi que cette
ouverture fût au milieu ‘du front & que le front s’étendît jufqu’à
* M. Perrault défigne le compote de ces deux os par le nom de troïtîème
os cfe la mâchoire. Mémoires pour fervir à l’Hijioire Naturelle des Animaux,
partie I I I > p<i$e 148.
■ la bouche, cette fuppofition eft fauffe & dénuée de toute vrai-
femblance ; il a pourtant fallu l’admettre lorfqu’on a dit, après
avoir vû les os de la tête de l’éléphant, que les défenfes étoient
des cornes, qui venoient du front *, & prefque tous les Auteurs
ont regardé ces défenfes comme des cornes qui pouvoient auffi
avoir leur rorigine dans le crâne ou dans les os temporaux ; ce
qui n eft pas poffibie, puifque la grande ouverture des narines
eft entre le fond des alvédles des défenfes & k bafe du crâne,
& que les orbites des yeux fe trouvent entre ces alvéoles ■ & les
os temporaux. Pourquoi donc M. Perrault d it - il, dans la defcription
anatomique de l’éléphant b, « que l’origine & la fituation
des défenfes de cet animal ne laiftènt aucun doute qu’elles ne «
foient de véritables-cornes, l’os dont elles fortent étant diftinél «
& feparé de celui d’où les véritables dents fortent »; ces véritables
dents font fans doute les molaires, mais fi les dents inci-
fives du chien, de la fouine, du cochon, &c. font des dents
auffi véritables que les molaires ; il eft certain que l’origine &
la fituation des défenfes de i’éiéphant n’empêchent pas quelles
ne puiflènt être de vraies dents, puifqu’eiles fortent des mêmes
o s , de l’aveu même de M. Perrault c , & qu’elles tiennent à la
même partie de la mâchoire que les dents incifives du chien,
de la fouine , du cochon & de piufieurs autres animaux. M.
Perrault ajoûte d, « que la fübftànce des défenfes de i’éiéphant
a plus de rapport à celle des cornes qu’à celle des dents, qui «
ne s’amoliffènt pas au feu, comme fait l’ivoire » ; il eft certain
* Petrus Gillius in defcripiione Eléphanti, pag. 12 .
k Mémoires pour fervir à THiftoire Naturelle des Animaux } partie J JT,
page 112»
c Idem, page 148,
d Idem? page 112»