dont il eft ici queftion, & que le nom même n’a jamais
été appliqué à quelqu’autre animal. Ainfi nous ne craignons
pas de faire confufion, ni de tomber dans l’erreur,
en adoptant cet ancien nom, & Rappliquant à un animal
qui n’en avoit point parmi nous; car une dénomination
générique, jointe à l’épithète du climat, n’eft point un
nom, mais une phrafepar laquelle on confond un anima!
avec ceux de fon genre, comme celui-ci avec le cerf,
quoique peut-être il en foit réellement diftinét, tant par
l’efpèce que par le climat. L ’axis eft à la vérité du petit
nombre des animaux ruminans qui portent un bois ,
comme le cerf, il a la taille & la légèreté du daim ; mais
ce qui le diftingue du cerf & du daim, c’eft qu’il a le
bois d’un cerf & la forme d’un daim ; que tout fon corps
eft marqué de taches blanches, élégamment difpofées
& féparées les unes des autres ; & qu’enfin il habite les
climats chauds * ; au lieu que le cerf & le daim ont
* Cet animal étoit à la Me'nagerie du R o i, fous le nom de cerf
du Gange ; on voit par cette dénomination, auffi - bien que par les
partages de Pline & de Belon, qu’il habite les pays chauds. Les
témoignages des Voyageurs que nous allons citer, confirment ce fait
& prouvent en même temps que l’efpèee commune du cerf ne
s’eft pas fort répandue au-delà des contrées tempérées. « Je n’ai
x> point v u , ( dit le Maire ) de cerfs au Sénégal, ayant un bois pareil
53 à ceux de France. Voyage de le Maire, page 1 y 0. — If y a dans la
y> prelque Ifle de l’Inde en deçà du Gange, des cerfs qui ont par-
» tout le corps des petites taches blanches. Voyage de la Compagnie
*> des Indes de Hollande, tome IV , gage 4 2 3 .— On trouve à Bengale
des cerfs, qui font martelés comme des tigres«. Voyage de Laillier,
page y 4 .
ordinairement le pelage d’une couleur uniforme, & fe
trouvent en plus grand nombre dans les pays froids &
dans les régions tempérées que dans les climats chauds.
M.” de l’Académie des Sciences, en nous donnant
la figure & la defcription des parties intérieures de cet
animal, ont dit peu de chofe de fà forme extérieure*,
& rien du tout de ce qui a rapport à fon hiftoire : ils
l ’ont feulement appelé biche de Sardaigne, parce que
probablement il leur étoit venu fous ce nom de la
Ménagerie du Roi ; mais rien n’indique que cet animal
foit originaire de Sardaigne, aucun auteur n’a dit qu’il
exifte dans cette ifie comme animal fauvage, & l ’on voit
au contraire, par les partages que nous avons cités, qu’il
fe trouve dans les contrées les plus chaudes de l’Afie ;
ainfi la dénomination de biche de Sardaigne avoit été
* L a hauteur de chacune de ces biches étoit de deux pieds huit
p ouc es, à prendre depuis le haut du dos jufqu’à terre ; le cou
étoit long d’un pied ; la jambe de derfière, à prendre depuis le
genou jufqu’à l ’extrémité du pied étoit de deux pieds , & jufqu’au
talon d’un pied.
L eur poil étoit de quatre couleurs, fàvoir ; fiiuve , blanc, noir &
gris ; il y en avoit de blanc fous le ventre & au-dedans des cuiflès
& des jambes ; for le dos il étoit d’un fauve - b run, fur les flancs
d’un fauve - ilâbelle, l’un & l’autre fauve au tronc du corps étoit
marqué de taches blanches de différentes figures; il y avoit le long
du dos deux rangs de ces taches en ligne droite, le relie étoit fênté
fans ordre ; le long des flancs il y avoit de chaque côté une ligne
blanche ; le cou & ta tête étoient g r is , la queue étoit toute blanche
p a r-d e flou s & noire p a r-d e fïu s, le poil étant long de fix pouces.
Mémoires pour fc ry ir à l ’hijloire des Animaux, partie I I , p a g e y y .