livres* avec leur trompe & le placent eux-mêmes fur
Jeurs épaules ; ils prennent dans cette trompe une grande
quantité d’eau qu’ils rejettent en haut ou à la ronde, à
une ou deux toifes de diflanee ; ils peuvent porter plus
d’un millier pefant fur leurs défenfes; la trompe leur
fert à caffer les branches des arbres, Sc les défenfes à
arracher les arbres mêmes. On peut encore juger de
leur force par la vîteffe de leur mouvement, comparée
à la maffe de leur corps , ils font au pas ordinaire à
peu près autant de chemin qu’un cheval en fait au petit
trot & autant qu’un cheval au galop lorfqu’ils courent,
ce qui dans l’état de liberté ne leur arrive guère que
quand ils font animés de colère ou pouffés par la crainte.
On mène ordinairement au pas leséléphans domeftiques,
ils font aifément & fans fatigue quinze ou vingt lieues
par jour, & quand on veut les preffer§, ils peuvent en
faire jufqu’à trente-cinq ou quarante. On les entend
marcher de très - loin Sc l’on peut auffi les fuivre de
très - près à la pifte, car les traces qu’ils biffent fur la
terre ne font pas équivoques, & dans les terreins où le
pied marque, elles ont quinze ou dix-huit pouces de
diamètre.
* L ’éléphant lève un poids de deux cents livres avec là trompe, Si
Je charge fur fes épaules.. . . Il prend dans là trompe cent cinquante
livres d’eau, qu’il jette en haut à la hauteur d’une pique. L ’Afrique
Ht Marmol, tome I , page y 8.
11 Lorfqu’on prellè l’éléphant, il fera bien en un jour le chemin de
ftx journées. L ’Afrique de Marmol, tome I , page y 8,
Un éléphant domellique rend peut-être à fon maître
plus de fervice que cinq ou fix chevaux % mais il lu!
faut du foin & une nourriture abondante «Sc choifie; il
coûte environ quatre francs ou cent fols1* par jour à
nourrir. On lui donne ordinairement du ris cru ou cuit,
mêlé avec de l’eau, & on prétend qu’il faut cent livres
de ris par jour, pour qu’il s’entretienne dans fa pleine
vigueur; on lui donne auffi de l’herbe pour le rafraîchir,
car il eft fujet à s’échauffer, «Sc il faut le mener à l’eau
6c le biffer baigner deux ou trois fois par jour. Il apprend
aifément à fe laver lui-même; il prend de l’eau dans
fà trompe, il b porte à là bouche pour boire, Sc enfuite
■ L e prix des éle'phans eft plus confidérable qu’on ne pourroit
l ’imaginer ; on en a vû vendre depuis mille pagodes d’or jufqu’a
quinze mille roupies, c’eft-à-dire, depuis neuf à dix mille livres
julqu’à trente-fix mille livres. Notes de M . de Bujfy. — O n vend un
éléphant félon là taille.. . . Un éléphant de Ceylan vaut du moins huit
mille pardaons, & quand il eft fort grand on le vend jufqua douze
& même jufqu’à quinze mille pardaons. Hiß. de l’ße de Ceylan, par
Ribeyro. Trévoux, 1 y a i , page 1 4 4 .
b L es éléphans coûtent chacun environ une demi-piftole par jour
à nourrir. Relation d’un voyage par Tkevenot, page 2 6 1 . — Ceux qui
font privés font fort délicats en leur v iv re , & leur faut bailler du ris
bien cuit & accommodé avec du beurre & du fu c re , qu’on leur
donne par grofïès pelottes, & leur faut bien cent livres de ris par
chaque jo u r , outre qu’il leur faut bailler des feuilles d’arbres, principalement
de figuier d’ Inde , que nous appelons Bananes, & les Turcs
Plantenes, pour les rafraîchir. Voyage de Pyrard, tome I I , page y S y .
— V oy e z aulîï les Voyages de la Boullaye-le-Gou^. Paris, 1 6 y y ,
page 2 y 0 ; & le Recueil des voyages de la Compagnie des Indes de
Hollande, tome I , page q-yy.