ic i; mais M. Daubenton, nous paraît être le premier,
qui, à ce qu’on m’a dit, avoit deux arfchines moins trois werfchok de
lo n g , une arfchine de haut, & qui étoit munie de deux cornes &
d’une dent de mammout; ce fquelette eft arrive' le i 4 Octobre 1 7 2 3
à Irkutzk, & j ’en ai trouvé la relation dans La Chancellerie de cette
ville. On m’a alluré su ffi, que le même homme a fourni une corne
de mammout après.
Tout ceci, tel que je l’ai ramafTé des différentes relations, regarde
pour la plus grande partie une même elpèce d’o s; lavo ir, 1 .° tous
ceux qui le trouvent dans le Cabinet impérial de Péterlbourg, fous
le nom d'or de mammout, auxquels tous ceux qui voudront les confronter
avec les os d’éléphant, ne pourront difputer une parfaite rcjjemblance avec
ces derniers. 2 ° On voit par les relations ci - deflùs , qu’on à trouvé
dans la terre des têtes d’un animal tout-à-fàit différent d’un éléphant,
& q u i, particulièrement par rapport à la figure des cornes, reflembloierit
à une tête de boe u f, plullôt qu’à celle d’un éléphant. D ’ailleurs cet
animal ne peut pas avoir été aufli gros qu’un éléphant, & j ’en ai
vû une tête à Jakutzk, qui avoit été envoyée d’Anadirskôi-Oftrog
& qu i, félon ce qu’on m’a dit, étoit parfaitement femblable à celle
que Portn-jagin avoit trouvée. J ’en ai eu moi-même une d’Ilainskoi-
Oltrog , que j ’ ai envoyée au Cabinet impérial à Péterlbourg.
E n fin , j’ai appris que fur le rivage du Nifchnaja-Tunguska, on
trouve non feulement par-ci par-là de pareilles têtes-, mais encore
d’autres o s , qui certainement ne font pas des os d’éléphans, tels que
des omoplates, des os lâçrés, des os innommés, des os de hanches
& des os de jambes , qui vrai - lèmblablement appartiennent à cette
même elpèce d’animaux, auxquels on doit attribuer lefciites têtes, 8c
que finis contredit on ne doit pas exclurre du genre des boeufs. J ’ar
vû des os de jambes & de hanches de cette e lp è c e , dont je ne
finnois rien dire de particulier, finon qu’en comparaifon de leur
groflèur, ils m’ont paru extrêmement courts. Ainfi 011 trouve en
Sibérie deux fortes d’os en terre, dont anciennement on n’eftimoit
aucuns què ceux qui reffemblcut parfaitement aux dents faillantes
qui ait mis la chofe hors de doute, par des mefures
d’éléphans; mais il femble que depuis l’Ordonnance impériale, on
a commencé à les confidérer tous en général, & que comme les
premiers avoient déjà occafionné la fable de l ’animal mammout, on
a rangé ces derniers dans la même claffe : car quoiqu’on connoiffe
avec la moindre attention que ces derniers font d’un animal tout-à-
fait différent du premier, on n’a pas laiffé de les confondre enfemble.
C ’eft encore une erreur de croire avec Ifbrand-Ides, & ceux qui
fuivent fes rêveries, qu’il n’y a' que les montagnes qui s’étendent
depuis la rivière de ICet vers le N o rd -e ft, & par conféquent aufli
les environs de Mangafca & de Jakutzk , qui foient remplies de ces os
d’éléphant, il s’en trouve non feulement dans toute la Sibérie & dans
fés diftritfts les plus méridionaux, comme dans les cantons fupérieurs
de l’Irtifch , du Toms & de la L en a , mais encore par-ci p a r-là, en
Ruflie & même en bien des endroits en Allemagne, où ils font
connus fous le nom d ’ivoire foflile , eburfoffile, & cela avec beaucoup
de raifon ; car tout l’ivoire qu’on travaille en Allemagne, vient des
dents d’éléphant que nous tirons des Indes, & l’ivoire foflile reffembfe
parfaitement à ces dents, finon qu’il eft pourri. Dans les climats
un peu chauds, ces dents fe font amollies & changées en ivoire foflile ;
mais dans ceux où la terre relie continuellement gelé e, on trouve
ces dents très-fraîches pour la plufpart. D e - là peut aifément dériver
là fable qri’on a fouvent trouvé ces os & autres enfanglantés ; cette
fable a été gravement débitée par Ilbrand - Id e s , & d’après lui par
Muller * , qui ont été copiés par d’autres avec une aflurance , comme
s ’il n’y avoit pas lieu d’en douter ; & comme une fiélion va rarement
feule , Je farfg qu’on prétend avoir trouvé à ces o s , a enfanté une
autre fiélion de l’animal mammout, dont on a conté que dans Ja
Sibérie il vivoit fous terre, qu’il y mouroit quelquefois & étoit
enterré fous les décombres, & tout cela pour rendre raifon du làng
.qu’on prétendoit trouver à ces os. Muller nous donne la deicription
du mammout, cet animal, dit-il, a quatre ou cinq aunes de haut,
* Moeurs & ulages des Oftiaques, dans le Recueil des voyages au Nord, page y S3.,
M ij