approche de l’homme*, par l’intelligence, autant au
moins que la matière peut approcher de l’ efprit. L ’Éléphant
, le Chien, le Caftor & le Singe, font de tous
les êtres animés, ceux dont l’inflinél eft le plus admirable
: mais cet inftinél, qui n’eft que le produit de
toutes les facultés , tant intérieures qu’extérieures de
1 animal , le manifefte par des réfultats bien différens
dans chacune de ces efpèces. L e chien eft naturellement
, & lorjfqu il eft livre a lui foui, aufli cruel, auftï
fanguinaire que le loup ; feulement, il s’eft trouvé dans
cette nature féroce, un point flexible, ftir lequel nous
avons appuyé ; le naturel du chien ne diffère donc de
celui des autres animaux de proie, que par ce point
fenfible, qui le rend fufceptible d’affedion & capable
d attachement ; c eft de la Nature qu’il tient le germe
de ce fentiment , que l’Homme enfuite a cultivé,
nourri, développé par une ancienne & confiante fo-
«iété avec cet animal, qui feul en étoit digne ; qui, plus
fufceptible,. plus capable qu’un autre des impreffions
étrangères, a perfectionné dans le commerce toutes
fes facultés relatives. Sa fenfibiiité, là docilité , fon
que ïes Latins ont enfuite donné à l’éléphant. Gefner. cap. de E le-
phanto. On l’appelle à C o n g o , Alan^ao ou Mamp, Voyage de Drack.
Paris, i 6 4 1 , page 1 04.
* Valet fenfu & reliquâfagacitate ingénié excellit elephas. Arift. hifl.
Anim. lib. IX , cap. 4 6. — Elephanti fimt naturâ mites & manfueti,
ut ad rationale animal jsroximè accédant. Strabo. — Vidi elephantos
quofdam qui prudentiores mihi videbantur quàm quibufdam in lotis hommes.
Vartomannus, apud Gelherum, cap. de Elephanto.
courage, fes talens, tout, jufqu’à feS manières, s’eft
modifié par l’exemple, & modelé fur les qualités de
fon Maître : l’on ne doit donc pas lui accorder en
propre tout ce qu’il paraît avoir ; fes qualités les plus
relevées, les plus frappantes, font empruntées de nous;
il a plus d’acquis que les autres animaux, parce qu’il
eft plus à portée d’acquérir ; que loin d’avoir comme
eux de la répugnance pour l’homme, il a pour lui du
penchant ; que ce fentiment doux, qui n’eft jamais
muet, s’ eft annoncé par l’envie de plaire, Ôi a produit
la docilité, la fidélité, la fou million confiante, & en
même temps, le degré d’attention néceflaire pour agir
en conféquence & toujours obéir à propos.
L e linge, au contraire, eft indocile autant qu’extravagant;
fa nature eft en tout point également revêche;
nulle fenfibiiité relative, nulle reconnoiflance des bons
traitemens, nulle mémoire des bienfaits; de l’éloignement
pour la fociété de l’homme, de l’horreur pour
la contrainte, du penchant à toute elpèce de mal, ou
pour mieux dire, une forte propenfion à faire tout ce
qui peut nuire ou déplaire. Mais ces défauts réels font
compenfés par des perfections apparentes ; il eft extérieurement
conformé comme l’homme , il a des bras ,
des mains , des doigts ; l’ufàge feul de ces parties le
rend fupérieur pour l’adrefle aux autres animaux, & les
rapports qu’elles lui donnent avec nous par la fimili-
tude des mouvemens & par la conformité des aétions
nous plaifent, nous déçoivent & nous font attribuer à