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 çonnoît  de  ces  cornes  qui  ont  près  de  quatre  pieds  de  
 longueur  a,  il  paraît  qu’elles  croilfent  au  moins  jufqu’au  
 moyen  âge & peut-être  pendant toute  la vie de l’animal,  
 qui  doit  être  d ’une  alfez  longue  durée,  puifque  le  rhinocéros  
 décrit par M. Parfons  n’avoit  à  deux  ans  qu’en-  
 viron  la moitié  de  là  hauteur,  d’où  l’on  peut  inférer  
 que  cet  animal  doit  vivre  comme  l’homme  foixante-  
 dix  ou  quatre-vingts  ans. 
 Sans  pouvoir  devenir  utile  comme  l’éléphant,  le  
 rhinocéros  eft  aulïï  nuifible  par  la  confommation  ,  &  
 fur-tout  par  le  prodigieux  dégât  qu’il  fait  dans  les  campagnes; 
   il  n’elt  bon  que  par  là  dépouille,  là  chair  eft  
 excellente  au  goût  des  Indiens  &  des  Nègres  b;  Kolbe  
 dit  en  avoir  fouvent  mange:  &  avec  beaucoup  de plaifir.  
 Sa peau  fàit  le  cüir  le  meilleur  &  le  plus  dur  qu’il  y  ait  
 au monde  c,  &  non  feulement  là  corne,  mais  toutes  
 les  autres  parties  de  fon  corps  &  même  Ion  lànga,  
 fon  urine  &  fes  excrémens  font  eftimés  comme  des 
 * Voyez ci-après  la defeription de  la partie du Cabinet qui a rapport  
 au  rhinocéros. 
 LOn  mange  la  chair  du  rhinocéros,  &;  ces  peuples  la'trouvent  
 excellente;  ils tirent même  quelqu’utilîté  de  Ton  fang, qu’ils ramaffent  
 avec  loin ,  pour-  en  jarre  un  remède  propre  à la  guérifon  des. maux  
 de  poitrine.  H ijl.  naP.  de1 Stem,  par.Gervaiji,  -page  j p 
 f  Sa  peau  eft  d’un  beau  gris  tirant  fer  h   noir,  comme  celle"  des  
 éléphans,  mais  plus  rude  &  pjus  épailîe,  je-  n’ai  point  vû  d’animal  
 qui en  ait une  lèmblable—   Cette  peau  eft couvertepar-tout,  horfetis  
 atj  cou  &  à  la  tête,  de  petits  noeuds  ou  durillons  fort  lèmblabfes  à  
 ceux des écailles de tortues, &c.  Voyage de Chardin,  tome I I I , page g. y . 
 1 Voyage  de  Alaadeliio r  tome I I ,  pag»  y y  0. 
 antidotes 
 antidotes  contre  le  poifon  ou  comme  des  remèdes  à  
 plufieurs  maladies.  Ces  antidotes  ou  remèdes  tirés  des  
 différentes  parties  du.  rhinocéros  ont  le  même  ulàge  
 dans  la  pharmacopée  des  Indes,  que  la Thériaque  dans  
 celle  de  l’Europe  a.  Il  y  a  toute  apparence  que  la  pluf-  
 part  de  ces  vertus  font  imaginaires:  mais  combien  n’y  
 a -t -il  pas  de  chofes  bien  plus  recherchées  qui  n’ont  
 de  valeur  que  dans  l’opinion  î 
 L e   rhinocéros  fe  nourrit  d’herbes  grolfières  ,  de  
 chardons,  d’arbrilfeaux  épineux,  &  il  préfère  ces  ali-  
 mens agreftes  à  la  douce  pâture  des plus belles  prairiesh,  
 il  aime  beaucoup  les  cannes  de  fucre,  &  mange  aulïï  
 de  toutes  fortes  de  grains  :  n’ayant  nul  goût  pour  la  
 chair,  il  n’inquiette  pas  les  petits  animaux;  il  ne  craint  
 pas  les  grands,  vit  en  paix  avec  tous  &  même  avec  
 le  tigre,  qui  fouvent  l’accompagne  fans  ofer  l ’attaquer.  
 Je   ne  fai  donc  ïï  les  combats  de  l’éléphant  &  du  
 rhinocéros  ont  un  fondement  réel :  ils  doivent  au  moins 
 * V oyage de la Comp. des  Indes de Hollande, tome V il, p a g e  g-Sg. 
 6 Cet  animal  ne  le  nourrit  pas  d’herbes,  il  lui  préfère  les  builTons,  
 le  genêt  &   les  chardons  :  mais  entre  toutes  les  plantes,  il  n’en  eft  
 point  qu’il  aime  autant  qu’un  arbufte  qui  reffemble  beaucoup  au  
 genévrier,  mais  qui  ne  lent  pas  aulïï  b o n ,  &  dont  les  piquans  ne  
 font  pas  à  beaucoup  près  aulïï  pointus  ;  les  Européens  du  Cap  
 appellent  cette  plante  l’arbrijfeau  du  Rhinocéros ;  les  campagnes  couvertes  
 de  bruyères  en  fourniflent  une  grande  quantité ;  on  en  voit  
 aulïï  beaucoup  fur  les montagnes  du  Tigre  &   fer  la  rivière  du  banc  
 des  Moules.  Les habitans  de  ces  lieux  le  coupent  &   l’amaffent  pour  
 le  brûler.  Defeription  du  cap  de  Bome-ejpérance,  p a r  K o lb e,  tome I I I ,  
 page  1 7 . 
 Tome  X I. B b