
 
		jufqu’à ’ ce  qu’on  ne  l’ait  allégée  :  ordinairement  les  
 grands  chameaux portent  un  millier * ,  &  même  douze  
 cents pelantb,  les  plus  petits  fix  à  fept  cents ;  dans  ces  
 voyages de  commerce  on  ne précipite pas  leur marche;  
 comme  la  route  eft  fouvent de fept ou  huit cents lieues,  
 on  règle leur  mouvement  &   leurs  journées ;  ifs  ne  vont  
 que  le  pas &  font  chaque  jour  dix à  douze  lieues ;  tous  
 les  foirs  on  leur  ôte  leur  charge,  &  on  les  lailfe  paître  
 en  liberté  :  fi  l ’on .eft  en  pays  verd,  dans  une  bonne  
 prairie,  ik prennent*  en moins  d’une heure tout ce  qu’il 
 *  II  y   a  des  chameaux  qui  peuvent  porter  jtifqti a  quinze  cents  
 pelant,  il  eft  vrai  qu’on  ne  leur  donne  cette  charge  que  lorfque  les.  
 Marchands  approchent  des Douanes,  &  qu’ils  en  veulent  fruftrer  les  
 droits,  en  chargeant  fur  deux  chameaux,  ce  que  trois  portoient  auparavant  
 ;  mais  alors  avec  cette  große  charge,  on  ne  fait  faire  ai*  
 chameau  que  deux  ou  trois  lieues  par  jour.  Voyage-  de  T avernier,  
 tome  I I ,   p a g e  3 3  J  > 
 1  L es  Orientaux  appellent  le  chameau  navire  de  terre,  en  vûe  
 de  la  grande  charge qu’il  porte ,  &   qui  eft  d’ordinaire  de  douze  ou.  
 treize  cents  livres  pour  les  grands  chameaux ;  car  il  y   en  a  de  deux  
 fortes.,  de  fèptentrionaux  &  de  méridionaux,  comme  les  Perlàns  le»  
 appellent;  ceux-ci  qui  font  lès  voyages  du  Seiii-perfiqu«  à  Ilpahan,  
 fins  paffer plus  outre,  font  beaucoup  plus  petits,  que  les  autres,  &   
 ils  ne  portent  qu’environ  fept  cents ;  mais  ils  ne  laiffent  pas  de  rapporter  
 autant  &   plus  de  profit  à  leur  maître,  parce  qu'ils  ne  coûtent  
 prefque  rien à  nourrir;  on  les  mène,  tout chargés  qu’ils  font, paiffiins  
 le  long  du. chemin fans  licol  ni  ehevêtre.  Voyage de Chardin,  tome 1 1 ,   
 p a g e  2 7 . 
 ’ Viâum  cameli parciffimum,  exiguique  fumptûs feru n t,  d f   magnis la -  
 horibus  robußißme  refiflunt,. . . . . .   Nullum  animal  illius  d ?  molis  citiàs 
 em edit.  Prolp.  Alpin.  Hiß.  Ægypt.  png.  2 2 5 . 
 du CH A M E  A U  i f  du D ROM A  D A  I R E .   2 2 7   
 leur  faut  pour  en  vivre vingt - quatre,  &  pour  ruminer  
 pendant  toute  la  nuit ;  mais  rarement  ils  trouvent de  ces  
 bons pâturages,  &  cette  nourriture  délicate  ne  leur  eft  
 pas néceflàire;  ils femblent même préférer aux herbes les  
 plus douces, l’ablÿnte,  le  chardon \   l’ortie,  le genêt,  la  
 caftïe \   & les autres végétaux épineux ; tant qu’ils trouvent  
 des  plantes  à  brouter0,  ils  fe  palfent  très-aifément  de  
 boire. 
 Au  refte,  cette  facilité  qu’ils  ont  à  s’abftenir  longtemps  
 de  boire  n’eft  pas  de  pure  habitude,  c ’eft  
 pluftôt  un  effet  de  leur  conformation ;  il  y  a  dans  le  
 chameau,  indépendamment  des  quatre  eftomacs  qui  fe  
 trouvent  d’ordinaire  dans  les  animaux  ruminans,  une  
 cinquième  poche  qui  lui  fert  de  réfervoir  pour  con-  
 ferver  de  l’eaud;  ce  cinquième  eftomac  manque  aux 
 a Après  que  les  chameaux  font  décharges,  on  les  lailîè  aller  pour  
 chercher  quelques  brofftilles  à  brouter..  .  .  Quoiqu’il  fpit  grand  &  
 qu’il travaille beaucoup,  il mange  fort  peu  &  fe  contente  de  ce  qu’il  
 trouve.  Il  cherche  particulièrement  du  chardon  qu’il  aime  beaucoup.  
 Voyage  de  Tavernier,  tome I ,   page  1 6 2 . 
 1 Cameli pafeentes fpinam in Ægypto acutam, Aralicamque etiam vocatam  
 Acaciam,  in  Arabià  Petreâ,  atque juncum  odoratum  in  Arabiâ  defertâ,  
 ubivis  abfynthii fpecies  aliafque  herbas &  virgulta fpinofa  quæ  in  de/ertis  
 reperiuntur.  Profp.  Alpin.  Hift.  Ægypt.  pars  1.“  pag.  2 26. 
 c Lorfqu’on  charge  le  chameau,  il  s’abaiffe  fur  le  ventre,  &  il  ne  
 fouffre  pas  qu’on  lui mette  plus  de  fardeau  qu’il  n’en  peut porter ;  il.  
 peut  auffi  pafïèr  plufieurs  jours  fans  boire,  pourvû  qu'il  trouve  un  
 peu  d’herbe  à paître.  L ’Afrique  d’Ogi/by,  page  1 2 . 
 ‘’ Voyez ci-après la defeription exatfte  que  M. Daubenton  a  donnée  
 de ee  cinquième  eftomac,  quil appelle  le  réfervoir. 
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