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 du dernier  ordre fupprimer  toutes les têtes  qui pouvoient 
 s’élever. 
 A  toutes  ces caufes  de dégénération  dans  les  animaux  
 domeffiques,  nous  devons  encore  en  ajoûter  une autre,  
 qui  feule  a  dû  produire  plus  de  variétés  que  toutes  les  
 autres  réunies;  c’eft  le  tranfport  que  l'Homme  a  fait  
 dans tous  les  temps de ces animaux de climats en climats ;  
 les  boeufs,  les  brebis  &   les  chèvres  ont  été  portées  &  
 fe  trouvent par-tout;  par-tout  auffi  ces efpèces  ont  fubi  
 les  influencé!  du  climat,  par-tout  elles ont.pris  le tempérament  
 du  ciel  &   la  teinture  de  la  terre ;  en  forte  que  
 rien  n’eft plus  difficile  que  de  reconnoître dans ce grand  
 nombre  de variétés,  celles  qui  s’éloignent  le  moins du  
 type  de la Nature ;  je d is, celles qui s’éloignent  le moins,  
 car  il  n’y  en  a  peut-être  aucune  qu’on  puifle  regarder  
 comme une copie parfaite, de cette première  empreinte. 
 Après  avoir  expofé  les  caufes  générales  dé  variété  
 dans  les animaux domeffiques,  je  vais donner lespreuves  
 particulières de tout  ce que j’ai avancé  au fujet des  boeufs  
 &   des buffles.  J ’ai  dit,  i.°  Que  l ’animâl que  nous  con-  
 noijfons  aujourd’hui  fous  le  nom  de  buffle,  né toit  -pas  
 connu  des anciens Grecs ni  des Romains y  cela  e fl évident,  
 puifqu’aucun  de  leurs  Auteurs  ne  l’a  décrit,  qu’on  ne  
 trouve  même  dans  leurs  ouvrages  aucun  nom  qu’cn  
 puifle  lui -appliquer,  &   que  d’ailleurs  on  fait  par  les  
 Annales d’Italie,  que  le  premier  buffle y  fut  amené  vers  
 la  fin  du  fixième  fiècle ,  l’an  595  *. 
 *  Voyage de Miffon.  L a  H a ie ,  1 7 3 7 1   tome 111,  page  7 4.2 
 ° Le 
 2.”  L e  bufflemaintenant  dumef'upie  en  Europe,  efl  le  
 mime  que  le buffle fauvage  ou  domefiq u e   aux  Indes  l r   en  
 Afrique ;   ceci  n’a  befoin  d’autres  preuves  que  tic  la  
 cornparaifon  de  notre  défcription  du  buffle,  que  nous  
 avons  vû  Vivant,  avec  les  notices  que  les  Voyageurs  
 nous  ont  données  des  buffles  de  Perfea,  du Mogplb,  
 de  Bengale0,  d ’Égypte  d,  de  Guinée0,  &  du  cap  de  
 Bonne-efpérance  f ;  on  verra  que  dans  tous  ces  pays  
 cet  animal  efl  le  même,  &   qu’il  ne  diffère  de  notre  
 buffle  que par de  très - légères: différences. 
 3.0  L e   bubalus des Grecs  I f   des  Latins,  n e f point  le  
 buffle, ni  le petit boeuf de Belon y  mais l ’animal que  A4,  de  
 l ’Académie  ont  décrit fous  le  nom  de  vache  de Barbarie y;  
 voici  mes  preuves,  Ariffotc  s  met  le  bubalus,avec.les  
 cerfs  &   les  dains,  &  point  du  tout  avec  les  boeufsb;  
 ailleurs  il  le  cite  avec  les  chevreuils,  &  dit  qu’il  fe  défend  
 mal  avec  les  cornes,  &  qu’il  fuit  les  animaux 
 ’ Voyage  de Tavernier,  terne I ,  pages 4 1  &  23 8 . 
 b Relation  de  Thévenot,  page  1 1 . 
 c Voyage  de i’Huiilicr.  Rotterdam ,   1  7 2 . 6 ,   page  3   0 . 
 a Défcription  de  l’Egypte  ,  par  Maillet,  tome  I l , p  age  1 2 1 1 
 * Voyage  de  Eofinan, page 43 7 . 
 * Défcription  du cap  de  lionne -  etperançe,  par  Ko)bs ,.topie I I I , 
 page  2  3 .  . . .   y   . :  ,  . 
 6 Genus  id jibrarum  eetyi,  dama,  bubalifangujnideejl.  Ariit. -//{/?.  
 anim.  lib.  I l l , "  cap.  V I. 
 i> Bubalis  etiam capreifque. ijiterdum  cornua  imitïlia f  ut : j nam. etji contra  
 nonnullj  rejijiant  i f   cpmibusif.dfflqdapt^ajneq  fflofisjpujnpcrfque  
 belluas fugiunt.  Id em ,  de part,  animal,  lib.  111,  cap.  II.  A 
 Tome  X L   P P